Le dernier conseil d’administration de l’ASPP (l’association chargée de la restauration du personnel de la Ville de Paris) s’est tenu dans un climat on ne peut plus houleux. Il faut dire que la situation financière de cette structure entièrement contrôlée par la mairie accuse actuellement un déficit sur les six premiers mois de l’année de plus de 600 000 € ! Un déficit qui se creuse car « fin mai, le compte bancaire de l’association était débiteur de 407 000 € », annonçait le syndicat UNSA des attachés d’administrations parisiennes. Un trou qui s’est donc élargi de 200 000 € en un mois.
« Si rien n’est entrepris d’ici la fin de l’année, l’ASPP sera en cessation de paiement ! », affirme d’ailleurs son directeur, Éric Robine, dans une phrase reprise sur le site de la CGT. Il est vrai que diverses sources annoncent même un trou de 800 000 € avant la fin de l’année. De quoi laisser les agents municipaux, dont c’est un des rares avantages sociaux, sur leur faim.
La CGT a d’ailleurs exprimé son désaccord dès le début de la réunion. « Madame la Maire de Paris s’apprête à accompagner une nouvelle fois les pertes cumulées de l’ASPP par de nouvelles augmentations des prix imposées au personnel », a dénoncé la CGT dans un communiqué. « Nous ne sommes donc pas étonnés des suites de cette gestion catastrophique. La crise courait depuis longtemps, elle arrive au bout ! », a ajouté le syndicat avant de claquer la porte.
Voire au bout du bout car le syndicat UNSA des attachés révèle de son côté que la mairie de Paris a réduit sa subvention de près d’un million d’euros pas rapport aux années précédentes, ce qui explique en partie le trou dans les comptes.
Car la ville a trouvé la parade : pour payer moins, elle se base sur la baisse du nombre de repas servis dans l’année. « Les subventions d’exploitation versées par la ville sont proportionnelles au nombre de couverts servis chaque jour, ceux-ci étant en baisse, les subventions baissent automatiquement. Elles sont ainsi passées de 12 344 000 € pour l’année 2009 à 11 423 000 € pour l’année 2013 ». CQFD précise ainsi l’UNSA.
Chez les économistes, on appelle ça un cercle vicieux. D’autant plus vicieux que la municipalité a fermé de nombreuses cantines ces dernières années. Une habileté on ne peut plus mergitur. D’autant que la mairie se réfugie derrière l’existence de ses rares cantines pour refuser l’attribution de tickets restaurant à ses agents et économiser ainsi la bagatelle de 60 millions d’euros par an. Une aubaine pour la Ville de Paris, qui doit trouver 400 millions d’euros pour réussir à boucler son prochain budget.
L’ASPP, créée en 1981 suite à la dissolution judiciaire du comité de gestion des œuvres sociales de la Préfecture de Paris et de l’Assistance publique de Paris (CGOSPPAP), a souvent connu une histoire mouvementée comme le rappelle un rapport de l'Inspection Générale de la Ville de Paris. Désormais, c’est le dépôt de bilan qui s’annonce. Une perspective qui en tout cas ne semble pas du goût des syndicats.
Bref, encore un pan de la mairie qui menace ruine !
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