Dans sa poche tu pourras trouver un portable, qu’il utilise en cas d’extrême urgence, il ne consulte que très rarement la messagerie. Il n’est ni pour ni contre l’utilisation de ces médias, bien au contraire. Il a juste pris conscience qu’il n’en pouvait plus. Ras le bol. Cette envie violente de frapper, de balancer et d’envoyer chier la terre entière. Il s’est posé la bonne question, celle qui le concerne. Il ne pouvait plus supporter cette actualité immédiate, passer son temps devant son écran à ne pas vraiment savoir quoi en faire, regarder la vie des autres en statut. Il s’est vu s’énerver de ceux qui ne répondent pas ou trop tard. De loin observer sa déchéance sentimentale sur les réseaux d’un site de rencontre pour boire un verre ou il n’ira jamais. Il m’a expliqué cette violente pulsion d’abandon et de solitude. Il m’a avoué cette faiblesse, les douleurs dans le dos et les épaules avec les heures passées devant l’écran.
J’ai pris le temps de l’entendre m’expliquer que sa solitude et la torpeur de son appartement lui semble moins violente dans le silence et l'écran noir. A lui de transformer cette force et de créer des souvenirs sans venir les exposer sur Facebook ou Instagram.
D’un sourire il m’a glissé que de cette conversation j’allais certainement en faire une note. Un putain de mec. Une vraie rencontre. Mon cerveau mettra plus de temps à oublier son charisme que la dernière page web devant mes yeux. Bref. Il m’a changé.