A-t-on encore besoin de vous présenter R-Wan de Java ? Mais oui, Java le groupe de rap musette qui nous a tant fait poiler il y a quelques années. Ensuite on l’a découvert en solo et c’était pas mal non plus. Il s’associe pour le coup à Toma Feterman du groupe La Caravane Passe qui mélange astucieusement les sonorités balkanique, le jazz manouche et l’électro. L’union (soviétique) de ces deux touche-à-tout ne pouvait qu’aboutir à un truc complétement cinglé. Soviet Suprem ! Un délire qui mélange les influences des deux zigotos, mais qui à un fil rouge (…) bien précis avec tout ce qui tourne autour de la Russie… La grande Russie diront certains, du temps où on l’appelait encore CCCP !
Pour le coup, les deux compères se sont rebaptisés, Sylvester Staline et John Lénine. Et aux platines on retrouve le DJ Croute Chef… Oui, on vous avait prévenu, on est dans un délire complet. Et c’est comme ça tout le long. Car si vous avez écouté Java, vous connaissez le talent d’écriture de R-Wan, toute la finesse et le second degré du bonhomme. Du début à la fin, ce n’est que des vannes et des allusions à l’Union Soviétique, au communisme et aux us et coutumes du pays. Par moments, ils prennent même l’accent russe pour jouer à fond leur personnage.
Niveau musique, on ressent donc les influences passées des deux artistes. Un peu de rap musette (Rideau de Fer), de la musique électro-balkanique (Bolochoi, Propaganda) et les mecs ne s’arrêtent pas là… Un petit voyage en Grèce (Ruiné comme Athènes) ou de l’electro-swing (French Romance) ou encore un petit détour par la cumbia d’Amérique du sud (Cumbalkania) et même chez les ennemis Yankee (Eastern Western), les Soviet Suprem nous emmènent avec eux dans une fête internationale.
On n’a pas vraiment le temps de se reposer tout le long de l’album. C’est intense, c’est complet et c’est vraiment très très bien fait. C’est le genre d’album ou de « concept album » qui ne peut que durer l’espace d’une fois. On voit mal Sylvester Staline et John Lénine repartir dans le même délire russkov une seconde fois. On va déjà les laisser s’éclater sur scène avec leur projet avant de voir trop loin. De toute façon, on ne s’inquiète pas eux, vu leur talent et leur humour, on risque bien de les voir longtemps dans le paysage musical français. On ne pouvait pas quitter ces deux lascars sans parler une seconde de la pochette qui défie toute concurrence. Les gars, merci…