“Je t’ai à l’œil”, dit l’artiste au monde qui l’entoure.
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D’ou vient l’idée, de quel produit ? De la mescaline, de la poudre, de l’herbe, du vin, de l’acide ? Peut-être.
D’un travail incessant, c’est certain.
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Tous ceux dont le chien se fera écraser un vendredi 13 deviendront superstitieux.
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D’où vient l’idée ? me/se demande-t-on souvent. Peut-être des croisements, des rencontres, des passages ou des collisions.
De celle de l’autre, mais encore faut-il savoir la faire sienne.
D’un labour, d’un semis, de la culture, de la récolte.
D’un vol, d’un recel, d’un blanchiment, d’une remise sur le marché.
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Si j’aime la peinture de Renoir ? A quelques exceptions près, autant que les chocolats des boîtes que ses peintures illustrent bien souvent : trop sucrés, fourrés de couleurs molles, écœurants.
À ce compte-là, j’adorerais les friandises emballées sous un Matisse.
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D’où vient l’idée ?
Ne tombe pas du ciel, mais monte peut-être de la terre, des terres : celle que l’on foule, l’autre que l’on broie et lie dans le mortier de l’atelier, celle encore qui émerge des eaux, frangée des roches, celle en fin, en bout du monde.
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La création consiste en premier lieu à inventer le temps qui permettra de travailler.
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D’où viennent les idées ? insiste-t-on. Mais d’où vient la question ? Ne serait-elle pas posée par ceux qui n’en ont pas ?
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Chaque été, le fleuve se met en grèves.
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D’où vient l’idée ?
Peut-être d’un simple regard qui rebondit vers dedans. Mais pour cela, il faut une surface souple, tendue et absorbante, celle d’une pensée en éveil permanent.
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Avec plusieurs pinceaux, on s’emmêle les pinceaux. Avec un seul on s’emmêle les couleurs.
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Quand l’idée vient, je ne me demande pas d’où. J’aimerais plutôt savoir où elle va.
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Origines : l’envers d’où je viens.
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Ne tombe pas du ciel, l’idée, mais est dans l’air : savoir l’attraper, la retenir, la travailler, et la relancer.
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Il en faut contre tous les goûts.
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L’AC du FRAC et celui de la DRAC n’ont pas la même signification. Art contemporain pour l’un, action culturelle pour l’autre. Pourtant, bien à mettre dans le même sAC.
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Certaines idées, certains jours, doivent être arrachées à la pensée, mais aussi aux matières, aux croquis, aux notes, aux souvenirs, aux griffonnages, aux biffures, aux repentirs, aux échecs.
Et voilà le travail.