A l'instar de quelques autres pays émergents, le Nigéria faisait déjà partie des pionniers des services bancaires sur Facebook. Désormais, il est aussi l'un des premiers (le premier ?) à voir le déploiement par une institution financière – Sterling Bank – d'une offre de micro-crédit basée sur la réputation sociale des demandeurs.
En pratique, le fonctionnement du nouveau service, baptisé Social Lender, est très simple. Tout d'abord, l'internaute doit autoriser la connexion à ses comptes Facebook et/ou Twitter. Dès lors, les informations auxquelles il donne accès (temporairement) sont analysées en détail – identité, formation, emploi, famille, collègues, amis, photos publiées, conversations et autres interactions… (au choix de l'intéressé) – afin de déterminer son score de fiabilité et décider de lui attribuer ou non le crédit qu'il sollicite.
Une importante particularité du mécanisme mis en œuvre par Sterling Bank – par comparaison avec les solutions similaires émergentes, à l'image de celle de la jeune pousse Lenddo – est que l'analyse des informations collectées est prise en charge non seulement de manière automatique, par un algorithme (propriétaire), mais également par un « responsable du crédit social », humain, à qui appartient en dernier ressort la décision d'accorder le prêt demandé.
Les opérations concernées sont de courte durée (30 jours au maximum) et de montants limités, à partir de 1 000 Naira (environ 5 euros) et jusqu'à 100 000 Naira (soit moins de 500 euros). Cette limite supérieure évolue avec le comportement de l'utilisateur : son premier emprunt ne pourra dépasser 3 000 Naira et ce n'est qu'au fil des engagements honorés que le plafond sera relevé, progressivement. Comme il est d'usage dans les modèles de ce genre, les frais facturés sont fixes (100 Naira par transaction).
S'il est envisagé de l'ouvrir à tous les consommateurs, à terme, le service n'est pour l'instant proposé qu'aux clients existants. Peut-être cette restriction est-elle due (entre autres) au mode de virement des fonds, sur le compte bancaire du demandeur, et une version ultérieure permettra-t-elle un retrait immédiat sur un automate ? Cela dit, Sterling Bank offrant une procédure d'ouverture de compte intégrée à la plate-forme Facebook, la limitation ne devrait pas être gênante (elle pourrait même, au contraire, favoriser la conquête d'une nouvelle clientèle).
Le Nigéria peut paraître lointain et tellement différent de nos régions « développées », ses banques n'en sont pas moins confrontées à la même transformation numérique que les nôtres. Et les stratégies telles que celles que dessine Sterling Bank pourraient aisément leur servir de référence. Dans les mots de Kelvin Igbodo, responsable des médias sociaux pour l'institution, cela paraît pourtant simple : l'évolution des usages de ses clients impose d'adapter la banque et ses processus aux nouveaux supports et technologies disponibles.
En particulier, il estime qu'une présence de l'établissement sur les médias sociaux est absolument incontournable (et, avec presque 350 000 fans, il serait difficile de lui donner tort). Cependant, à plus grande échelle, sa vision est celle d'un monde où les services financiers s'échappent des 4 murs de l'agence et se déploient sur les espaces virtuels d'Internet, sur les téléphones mobiles… où il faut donc aller à la rencontre des clients. Or, pour ce faire, il ne suffit plus de transposer les « vieux » modèles, il faut également réinventer les produits !
Information repérée grâce à F. Bois (merci !) mais Visible Banking avait de l'avance !