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Ebola, un virus pour l’économie africaine

Publié le 30 octobre 2014 par Edelit @TransacEDHEC

L’épidémie actuelle d’Ebola est la plus forte épidémie du virus que le monde n’ait jamais connu avec au moins 4.500 morts à son actif. Seulement, en plus des ravages humains, la fièvre hémorragique touche aussi l’économie.

Coût d’un patient

Ebola tue la moitié des personnes infectées. Mais aux USA, mieux vaut ne pas y survivre au vu de la somme astronomique due aux soins. A titre d’exemple, le patient texan resté neuf jours à l’hôpital a coûté $500.000 (€394.620) à l’hôpital, soit un peu plus de $55,500 (€44,000) par jour.

Certains experts estiment le coût entre $8.000 (€6.320) et $25.000 (€20.000) par comparaison virale ; même si la réalité s’approcherait plus de la fourchette haute. Cependant, certains facteurs font varier les prix (intensité du virus, durée d’hospitalisation…)

Quels sont les paramètres qui rendent le prix si élevé ? Notons que le principal facteur est le coût de la mise en quarantaine s’élevant à $15.000 par jour. Le coût du travail augmente aussi considérablement la note. En effet, seriez-vous prêt à soigner une personne atteinte d’Ebola pour l’équivalent du SMIC ? Il se trouve que c’est identique pour le personnel soignant !

De plus, un malade a besoin de beaucoup de médecins, rajoutant encore quelques zéros à l’addition. Le patient texan nécessitait plus de cinquante personnes… Enfin, la spécificité du traitement rend le bien rare et ainsi cher.

Coût pour l’économie

Début octobre, la Banque Mondiale a estimé le coût de l’épidémie pour l’Afrique de l’Ouest à 33 milliards de dollars (25 milliards d’euros) d’ici 2015. Pour mieux vous aider à visualiser cette somme, le PIB en 2013 des six pays les plus touchés en Afrique de l’ouest ont un PIB de $24,000 milliards en cumulé (celui du Sénégal étant déjà à $15.3 milliards, je vous laisse imaginer les PIB des cinq autres pays). La croissance dans ces pays, en particulier au Nigéria, Côte d’Ivoire, Ghana et Sénégal, est due en partie à l’urbanisation et à la forte croissance de la population mais les services de santé demeurent très faibles, favorisant la propagation du virus. A titre d’exemple, le Libéria n’a plus que 36 médecins, nombre infime par rapport aux 3,000 d’il y a 11 ans.

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Les pays d’Afrique de l’Ouest sont globalement pauvres mais risqueraient de l’être encore plus à la suite de l’épidémie. Le Nigéria et le Sénégal n’ont plus recensé de cas d’Ebola, à l’inverse de la Sierra Leone, Libéria et Guinée. Ceci s’explique du fait que les deux premiers pays cités sont les plus développés de l’Afrique de l’Ouest économiquement parlant. De plus, cette épidémie est un coup dur pour la Sierra Leone et le Libéria qui se relèvent tout juste d’une guerre civile et commençaient à obtenir une stabilité relative.

Cette stabilité attirait les investisseurs, surtout après la découverte du pétrole, boostant leur économie. L’épidémie pourrait aussi affecter les élections au Nigéria. Si le virus n’est pas maîtrisé, l’OMS prévoit 10.000 nouvelles infections par semaine d’ici décembre.

Ce qui manque à l’estimation

Néanmoins, cette estimation ne prend pas en compte l’impact à long terme (mortalité accrue … ) ainsi que la perte de productivité générée par l’épidémie.

Quant à la productivité, les groupes mondiaux d’acier ou miniers demandent le rapatriement de leurs employés. On peut citer ArcelorMittal qui vient d’interrompre son activité au Libéria, comme d’autres entreprises en Guinée ou en Sierra Léone. Ces géants de l’industrie représentent un pactole pour l’économie du pays et un arrêt de l’activité constitue donc une réelle perte.

De plus, pour la Sierra Leone, l’activité économique du pays a été réduite de 30% puisque la grande majorité de l’économie est agricole (66% des habitants sont agriculteurs). Les habitent quittent leur terre et le résultat est catastrophique à l’approche de la saison de plantation.

Aussi, la fermeture des frontières bloque aussi bien le virus que les échanges commerciaux. Ces pertes, difficiles à chiffrer, ne rentrent pas en compte dans l’estimation de la Banque Mondiale.

Enfin, comme les gens évitent les lieux publics, les ventes de biens de consommation sont en chute libre.

Cependant, malgré la psychose qui commence à s’installer dans les pays occidentaux, il faut oublier que le premier défi économique et humain que doit relever l’Afrique reste de vaincre la faim, qui tue chaque jour beaucoup plus de personnes qu’Ebola.


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