Ce lieu chargé d’histoire est tellement exceptionnel que deux articles d’Artetvia lui seront consacrés et suffiront à peine. Le premier sera plus historique, le deuxième, davantage artistique et touristique.
Accroché au flanc d’une falaise dominant l’Alzou, modeste rivière qui creuse la vallée depuis des millénaires, le site est pourtant habité par l’homme depuis fort longtemps, des peintures rupestres en témoignent.
On pense que très tôt, le lieu attira plusieurs ermites qui y trouvèrent la solitude qu’ils recherchaient ardemment. La légende dit que Zachée (si, si, celui des Evangiles) fut l’un d’entre eux. On ne connaît pas grand’chose de ces hommes, il faut bien le reconnaître. Un oratoire dut être construit dès le Ve siècle. En 968, l’évêque de Cahors confia la chapelle aux moines bénédictins de l’abbaye Saint-Martin, à Tulle. En 1105, une lettre du Pape fit mention du sanctuaire…. Pour la solitude, il faudra trouver un autre endroit ! Des écrits datant du XIe siècle décrivent le pèlerinage de Notre-Dame de Rocamadour comme le troisième pèlerinage mondial, après Jérusalem et Rome et connu pour ses miracles. Au XIIe siècle, les bénédictins agrandirent le sanctuaire et construisirent un prieuré, consacré à la Vierge Marie : une modeste chapelle et quelques bâtiments conventuels, très austères, à flancs de falaise. Il en reste aujourd’hui quelques pans de murs.
La réputation de sainteté du lieu attira nombre de pieuses gens qui décidèrent de s’y faire enterrer. Lors du creusement de la falaise, un corps intact fut découvert. Cet anachorète anonyme fut appelé alors Amadour ; il fut exposé à la vénération des fidèles et de nombreux miracles se produisirent.En 1244, saint Louis et Blanche de Castille vinrent prier Notre-Dame de Rocamadour. En effet, outre Amadour, les pèlerins viennent prier devant la vierge noire et espérer un miracle. Aussi étrange que cela puisse paraître, le vocable de Notre-Dame de Rocamadour est invoqué fréquemment par les gens de mer… alors que nous sommes vraiment loin de l’océan. On dit d’ailleurs que la cloche de la chapelle tinte toute seule au moment même où un miracle « maritime » se produit : si les premiers cas sont peu documentés, les suivants le sont amplement.
Le pèlerinage s’amplifia, les lieux d’accueil des pèlerins se développèrent, le village aussi. Situé aux confins des terres anglaises et françaises, le lieu fut protégé par un château et par des portes fortifiées, dont certaines sont encore debout.
Au XIIIe siècle, les bénédictins quittèrent le lieu, remplacés par des chanoines, qui érigèrent des bâtiments plus spacieux – peut-être sont-ils moins enclins à suivre l’austérité bénédictine… Pendant les guerres de religion, le sanctuaire est pillé et le corps d’Amadour brûlé par les Protestants. Deux siècles plus tard, la Révolution acheva de transformer ce sanctuaire mondialement connu en ruines sauvages.Au XIXe siècle, deux prêtres relevèrent Rocamadour : l’abbé Pierre Bonhomme de Gramat qui remit au goût du jour le lieu et l’abbé Jean-Baptiste Chevalt qui dirigea les travaux de restauration du sanctuaire, dans la lignée de Viollet-le-Duc. A force de ténacité, de pugnacité même, ils levèrent les fonds nécessaires et l’enthousiasme des foules. Dans les années 1870, la restauration est achevée. Un chemin de Croix à la toute fin du XIXe siècle. Voilà la cité telle qu’elle apparaît aujourd’hui !
Visitons la au prochain numéro…