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Marcelline Fila est une sacrée personnalité. Elle fait partie des invitées les plus étonnantes que les Palabres autour des Arts aient reçues. Ce soir là, en Charybdie, elle présentait un conte intitulé Nkengué la capricieuse et illustré remarquablement par Serge Diantantu. Mais, nous aurons tout le loisir de revenir sur le contenu de cet ouvrage.
De gauche à droite Touhfat Mouhtare, Marceline Fila et Cédric Moussavou
Le 26 avril dernier, le thème de la soirée était Destins de femmes. Les regards croisés sur des romans d’Alice Walker, de Maryse Condé, de Maya Angelou furent d’une densité remarquable. Et recevoir Marcelline Fila s’est avéré être un choix judicieux pour poursuivre sur cette thématique. En effet, l’auteure de Ma vie avec Lin Lazare Matsocota(paru aux Editions L’Harmattan, en 2003) est liée à l’histoire violente du Congo. Le mari de Marceline Matsocota fut l’une des premières victimes des meurtres politiques en république de Congo, aux premières des indépendances. On peut imaginer l’impact sur une vie d’une telle de cette femme, un tel drame mais également sur sa progéniture.
Comme l’explique Marceline Fila au cours de cette palabre autour des Arts, si la première publication a été un acte de libération, les événements narrés ont eu un impact profond chez ses proches. Ecrire un conte, Nkengué la capricieuse, est pour elle une manière de transmettre différemment à des petits-enfants éparpillés de part le monde. Sortir de la violence historique pour transmettre des valeurs véhiculées dans le conte. Aller au-delà des apparences. Creuser humblement, plutôt que se pavaner.
Quelques mots à propos de ce conte illustré. Les dessins de Serge Diantantu sont réussis. On peut relever que les dialogues ne sont pas forcément à la hauteur. De plus, la trame du conte, comme me le faisait remarquer une habituée des Palabres autour des Arts, renvoie au fabuleux texte L’ivrogne dans la broussed’Amos Tutuola. Mais avec les contes africains, il y a pas mal de proximité. Donc je ne doute pas que le conte yorouba du fameux romancier nigérian possède son pendant bantou que Marceline Fila a écouté dans son enfance.
Une dernière remarque est dans le final où la conteuse se met en scène de manière théâtrale. C’est amusant, c’est touchant et on a vraiment envie de se dire que cette affaire de transmission est vraiment familiale, mais le grand public en profitera sûrement. Une ode au culte des ancêtres, croyance discutable.
Marceline Fila, Nkengué la capricieuseEditions Diantantu, paru en 2012