Martin Newell est donc cet anglais qui jusqu'en 1980 enregistre sous son nom quantités de démos à la recherche de la chanson pop parfaite. Il s'associe ensuite à Lawrence Elliot pour créer les Cleaners From Venus et sortir à la pelle des K7 dans la plus grande tradition underground de l'époque, au moment où le cd est en train de tuer le vinyle. Ce n'est qu'en 1992 que Newell revient à sa carrière solo notamment grâce à Andy Partridge d'XTC avec qui il enregistre son plus gros succès commercial, The Greatest Living Englishman, qui est en fait constitué en grande partie de morceaux des Cleaners réenregistrés et boostés par la production. Entre temps, celui que l'on surnommé "The psychedelic gardener", a également eu l'occasion de performer en tant que poète et auteur, mais aussi comme jardinier, prenant un malin plaisir à se tenir à l'écart.
Et c'est dans l'une de ces périodes de transition que Newell écrit et enregistre quasiment seul (à la manière d'un certain Spike avec qui les accointances musicales sont nombreuses) ce Number Thirteen. Encore une fois conçu comme une démo, avec un traitement du son minimaliste, emprunt d'un côté insulaire et solitaire, il regorge pourtant d'un nombre impressionnant de classiques instantanés, de ceux qui donnent l'impression qu'ils nous ont toujours accompagné, alors que non. C'est particulièrement vrai pour "Mariette" qui sonne à la première écoute comme l'un des tous meilleurs morceaux de David Bowie. Hypnotique, fascinant, minimaliste et désespéré, c'est un pur chef d'oeuvre.
Que dire aussi de "The jangling man", pièce de pop évidente menée par la guitare et au refrain ravageur. Un classique! Idem pour "A man for our time" dont le refrain vient éclairer comme par magie un morceau sans arrêt poussé vers l'avant. Autour de ces perles pop oubliées, on retrouve des pièces plus déviantes bien qu'accessibles, comme "Here she crashes" d'inspiration moyen-orient, "A street called prospect" au chant Lennonien, "Minesweeping Memory Lane" et sa mélodie en escaliers, la comptine pas si innocente que ça "Boy from the home counties" ou encore le final et triomphant "Christmas in suburbia". Ca fait beaucoup de classiques pour un simple album perdu au milieu d'une discographie pléthorique. Indispensable !
En bref : peut-être le plus abouti des disques faits maison par le démiurge anglais Martin Newell. Une collection renversante de pop songs à la limite de la perfection que cette réédition vinyle remet au goût du jour. Masterpiece !
L'album en écoute intégrale sur Deezer
La page Wikipedia de Martin Newell