La librairie Delamain est la plus ancienne librairie de Paris. Fondée en 1700, à l’époque sous les arcades de la Comédie Française, c’est en 1906 qu’elle déménage pas bien loin, au 155 rue Saint-Honoré sur la place Colette.
Si l’adresse ne vous est pas familière, elle se précisera dans votre esprit si je vous dis qu’elle fait face à la station de métro Palais-Royal, particulièrement connue depuis l’an 2000 quand elle fut aménagée en Kiosque des Noctambules par l’artiste Jean-Michel Othoniel.
Fréquentée par de nombreuses personnalités du monde littéraire en leur temps, Léon-Paul Fargue, Jean Cocteau, Colette, Louis Aragon et aujourd’hui par des voisins célèbres, Jean-Louis Debré président du Conseil Constitutionnel ou Denis Podalydès, la librairie est labélisée, « librairie de référence » par le Centre National du Livre. Elle est dotée d'une collection d'ouvrages anciens rassemblant 5 000 livres. Depuis 1986 elle est devenue filiale des Editions Gallimard.
Comme l’indique le site internet de la boutique, il s’agit d’une « librairie à l’ancienne avec parquet et hautes bibliothèques en chêne massif. Elle fait le lien entre passé et présent en proposant à la fois un suivi de toute l’actualité du livre avec des sélections dues à la compétence des libraires mais aussi un secteur ancien où les ouvrages du XVIIIème siècle voisinent avec la bibliophilie moderne. »
La librairie a fait parler d’elle ces derniers mois dans la presse française et étrangère quand on a évoqué son avenir menacé. Son bail doit être renouvelé par le fond qatari Constellation Hotel Holdings, propriétaire du pâté de maisons qui accueille également l’Hôtel du Louvre, en cours de rénovation. La société à l’intention de doubler le loyer de la librairie qui se monterait alors à 100 000 euros par an, soit près d’un dixième de son chiffre d’affaire. Ses marges étant déjà très faibles, la librairie serait contrainte de fermer ou d’abandonner le pas-de-porte dont elle bénéficie depuis 1906. Néanmoins, aux dernières nouvelles, un communiqué envoyé par le commerce manager de l'Hôtel du Louvre, affirme qu'il prendra en compte «l'activité spécifique de sa locataire comme de l'ancienneté de son occupation des lieux» dans ses projets immobiliers. » Affaire à suivre, donc.