Chronique « Un Océan d’amour » : Vous reprendrez bien une petite sardine ?
Scénario de Wilfrid Lupano, dessins et couleurs de Grégory Panaccione,
Public conseillé : Tout public
Style : BD sans parole, humoristique, intime, humaine !
Paru aux éditions Delcourt, le 29 octobre 2014
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L’histoire
A la fin de la nuit, un vieil homme se lève, chausse ses lunettes et s’étire.
Il descend doucement l’escalier.
Dans la pièce du bas, flotte la délicieuse odeur de crêpe complète que lui cuisine sa femme. Le vieil homme avale son repas, arrosé de café chaud et allume la radio. Mauvais nouvelle, la météo est mauvaise.
Pendant qu’il se lamente, sa femme lui prépare sa gamelle : des sardines en boite et un thermos de café.
De mauvaise humeur, le viel homme va prendre sa douche, abandonnant ses vêtements à même le sol. Quelques remontrances plus tard, il sort dans le petit matin, rejoindre son bateau de pêche : « Maria »….
La recette
Avant toute chose, veuillez noter que cette préparation culinaire (et bédéphyle) se consomme sans texte ajouté.
C’est le fruit d’une connaissance millénaire, recolté avec le soin attentif et jaloux de deux fous d’auteurs.
Prenez un scénariste en odeur de sainteté et reconnu pour ces prises de risques (Wilfrid Lupano, l’auteur de « Les vieux fourneaux« , « L’assassin qu’elle mérite », « La dérobade »…) et un « dessineux » italien un peu fou (Grégory Panaccione, auteur de « Match« , c’est dire…) et laissez mijoter les deux énergumènes le temps qu’il faudra).
Quant la sauce a pris, les deux auteurs se livrent à un mélange d’idées et se laisseront tenter par une collaboration. Si le fumet vous en dit, laissez faire. Vous assisterez à un plat d’un nouveau genre, une BD sans parole, nommée « Un océan d’amour ».
Mais de quoi s’agit-il ? Une BD sans texte ? On se moque de qui ?
Point du tout, petit scarabée, cet authentique album (224 pages) comprend tout un tas de bonne choses, qu’il serait dommage de ne pas déguster :
- une histoire simple et belle entre deux vieux bretons (un papy pécheur et la Mamie Biguden qui va avec) séparés par un océan ombrageux et les aléas du destin.
- un dessin aussi poétique qu’expressif, aux belles aquarelles.
- une tempête et un naufrage
- un bâteau-usine
- du homard cuit à la perfection
- des paysages subtils
- des personnages typés et attachants, mis dans des situations dramatiques et farfelues
- des paquets d’eau de mer
- une satyre sociale
- des crêpes lancées à la perfection.
- de l’empathie et de la compassion
- un cuba (pas si libre)
- une mouette (pas rieuse)
- un discours sur l’écologie
- des moments drôles
- des moment sensibles et larmoyants
- des tonnes de sardines en boites (Beurk !!!!)
- …sans oublier une pointe de sel marin, un peu d’huile d’olive…
C’est tout ça « Un Ocean d’amour » ! Alors, si vous ne voulez pas passer à coté de l’expérience culino-BD de votre vie, je vous conseille d’aller dans votre poissonnerie (…euh votre libraire préféré).