Automne 2014 dans la cuisine interne des partis politiques : les feuilles tombent en même temps que les tabous. Et si l’on changeait de nom ? Les trois principaux acteurs de la vie politique française, PS, UMP et FN ont beau se diviser sur les idées, ils se posent une même question, celle de l’étiquette.
La guerre des noms ne se situe pas entre des partis rivaux qui lutteraient pour une même appellation. Elle a lieu au sein même des partis où le doute de certains leaders trouve écho chez les sympathisants.
PS : Valls n’est pour l’instant pas prophète en son pays
« Le changement c’est maintenant » : le slogan de la campagne présidentielle de François Hollande a fait long feu. Vaccinés contre l’espoir de transformation du pays, les sympathisants de gauche n’en souhaitent pas mois une transformation mesurée de leur parti, Ces derniers sont davantage favorables à une rénovation du parti qu’à une refonte plus radicale : selon un sondage Odoxa/iTélé, 68% des sympathisants de gauche souhaitent que le Parti Socialiste ne soit pas dissout mais plutôt rénové.
Alors que Manuel Valls prône une refonte complète du parti, les sympathisants de gauche émettent des garde-fous. Cette réticence se cristallise sur le nom, terreau fertile de lutte symbolique : une majorité des sympathisants PS sont opposés à un changement de nom de leur parti (63% selon Odoxa et 69% selon un sondage BVA/Les Echos). La route est donc encore longue pour une nouvelle étiquette au parti majoritaire à l’Assemblée ; Un nom qui ne serait que la face émergée d’une clarification opérée entre les tenants de la gauche historique et ceux de la gauche réaliste.
UMP : Un changement de nom soutenu fragilement par les sympathisants
Nicolas Sarkozy is back Et il veut tout changer, à travers un « nouveau rassemblement qui s’adressera à tous les Français ».
Evitant soigneusement d’utiliser le mot « UMP » dans ses phrases, l’ancien Président ne cache pas ses ambitions de créer un nouveau parti. Bonne pioche pour l’instant vis à vis des sympathisants : 50% d’entre eux y sont favorable selon BVA (vs. 42% d’opposés et 8% de NSP).
Mais attention car l’adhésion des sympathisants est encore fragile, malgré la volonté commune de balayer les affaires qui ont plombé le parti.
FN : Marine Le Pen, en avance sur les sympathisants de son parti ?
On le sait déjà depuis quelques temps : à la tête du FN, Marine Le Pen et Florian Philippot réfléchissent à une nouvelle image et d’abord à un nouveau nom pour leur formation, dans la continuité du « Rassemblement Bleu Marine » de la présidentielle de 2012. Mais les sympathisants du FN ne sont pas encore tout à fait prêts à abandonner leur nom historique. Selon l’institut BVA, 54% d’entre eux sont opposés à un changement de nom (32% de tout à fait opposés). Ils se placent ainsi davantage dans la ligne du président d’honneur du parti, Jean-Marie Le Pen, qui y est farouchement opposé.
Si un changement de nom peut donner une nouvelle dynamique à un parti, il ne doit pas cacher le travail qu’ont à effectuer les partis pour se réformer. De ce point de vue, la refonte idéologique la plus récente a été celle du Front National et rassemble ses partisans auprès de sa présidente, Marine Le Pen. Cette dernière recueille en effet 94% d’opinions favorables auprès des sympathisants Front National dans le dernier baromètre politique Ipsos/Le Point.
Alors dans quel sens agir ? Les trois plus importantes formations politiques du pays semblent se diviser entre deux méthodes : renforcer un parti puis dans un second temps changer de nom en espérant que l’étiquette colle (FN) ou d’abord changer d’étiquette pour donner un second souffle à des partis usés par les affaires et la déception qu’ils ont engendrée à la tête du pouvoir (UMP, PS).
Jean-Baptiste Sintes (@jbsintes)
Sources dans l’ordre :
http://www.odoxa.fr/wp-content/uploads/2014/10/Odoxa-pour-It%C3%A9l%C3%A9-CQFD-La-situation-du-Parti-socialiste.pd
http://www.bva.fr/fr/sondages/opinion_sur_un_changement_de_nom_du_ps_de_l_ump_et_du_fn.html
http://www.ipsos.fr/ipsos-public-affairs/actualites/2014-10-13-barometre-politique-nicolas-sarkozy-revient-et-sa-popularite-degringole