« Contester et mourir… conséquence du refus de la confrontation démocratique »
Publié le 28 octobre 2014 par Gezale
La ligue des droits de l'homme communique :
« Rémi Fraisse est mort dans
la nuit du 25 octobre 2014 lors de la
manifestation qui s’opposait à la construction d’un barrage de retenue à
Sivens, dans le Tarn. Militant écologiste, membre de France nature
environnement, il faisait partie des nombreux acteurs, en particulier locaux,
qui voulaient faire connaître un point de vue, pourtant largement partagé, de
contestation d’un projet dont l’utilité méritait d’être interrogée. Cette mort n’est pas
acceptable. La Ligue des droits de l’Homme présente à sa famille et à ses
proches toutes ses condoléances.
La LDH prend acte de l’ouverture
prochaine d’une information judiciaire, seule mesure de nature à permettre d’établir
la vérité des faits. Cependant, quelles que
soient les responsabilités individuelles qui se révéleront, la mort d’un
manifestant atteste d’un mauvais usage, voire d’un usage excessif des forces de
l’ordre.
La Ligue des droits de l’Homme
constate que de Continental à Notre-Dame-des-Landes, de la ferme des « Mille
vaches » à Sivens, la contestation est criminalisée et réprimée. Cette
politique place l’ensemble de la société sous tension alors même qu’elle aurait
besoin de raison, et elle substitue l’autoritarisme au débat et à l’imagination
dont nous avons besoin collectivement pour relever les défis posés au vieil
ordre productif et de distribution. La société française doit apprendre à débattre
avec calme du bien-fondé de ses aéroports, de ses barrages et de son industrie
agroalimentaire. Le gouvernement doit apprendre à compter avec les refus
populaires et à en valoriser l’apport dans des processus de confrontation démocratiques,
accepter, enfin, de considérer que l’avenir n’est pas de son seul ressort.
A défaut, on peut prévoir
d’autres tensions, d’autres durcissements, d’autres drames, provoqués de fait
par des acteurs très éloignés de l’intérêt général. La Ligue des droits de l’Homme
entend rester vigilante quant au respect des libertés et droits fondamentaux
des citoyens par les pouvoirs publics, dans ce contexte comme dans d’autres.