L'amitié homme-femme, mythe ou réalité ? Dans sa nouvelle comédie Et (beaucoup) plus si affinités, le réalisateur Michael Dowse, le scénariste Elan Mastai et les comédiens Daniel Radcliffe et Eva Kazan questionnent l'amitié entre deux sexes et l’ambiguïté qu'elle peut impliquer.
Synopsis : Au cours d'une soirée, esseulé, Wallas (Daniel Radcliffe) rencontre Chantry (Eva Kazan), la jolie cousine aux air mutins de sa meilleur amie. Coup de foudre et complicité immédiate sont au rendez-vous mais... Chantry est en couple avec un dénommé Ben (Rafe Spall) depuis 5 ans. En guise de relation, Chantry proposera donc à Wallace une amitié ! Dubitatif au début, Wallace finit par se laisser convaincre.
De plus en plus proches, la confusion des sentiments s'installe et interroge leur relation amicale. Wallace doit-il avouer ses sentiments au risque de perdre Chantry, briser son couple ou s'éclipser ? L'amitié homme-femme est-elle dénuée de toute ambiguïté ?
Même si le sujet est éculé au cinéma (l’amitié homme-femme et ses limites), le propos du film n'en reste pas moins original. Sous des airs naïfs, cette comédie enchanteresse embrasse les codes d'un genre reconnaissable et de plus en plus populaire, le mumblecore (comédie intellectuelle new-yorkaise ). Dans la veine de The Color Wheel d'Alex Ross Perry , de Your sister's sister de Lynn Shelton ou de plus récemment The Obvious Chid de Gillian Robespierre avec la géniale et impudique Jenny Slate. Le ton y est rapide, le rythme névrosé, l'humour grinçant et intelligent avec en arrière plan un New York aux accents vintage.
Les fans de la série Girls retrouveront dans le film le « Adam » (Adam Driver) de Hannah (Lena Dunham) jouant ici un meilleur ami déjanté, non loin de son personnage de petit ami dans Girls.
Hilarant, franc et amoureux, son sans-gêne et sa liberté de ton tranchent avec le jeu retenu d'un Daniel Radcliffe so britsh.
© SND Distribution
L'adaptation théâtrale de Thoopaste and Cigars nous permet également de redécouvrir l'acteur Daniel Radcliffe (Harry Potter, La Dame en noir, Horns, ....). Débarrassé de sa baguette magique et loin de ses rôles habituels, le jeune homme incarne Wallace, un personnage à l'aspect juvénile dont la sensibilité apparente cache un humour mordant et une vision romanesque des relations humaines.
Même si on suit Wallace depuis le début du film, les autres personnages n'en tiennent pas moins un rôle important dans ce film à la choralité théâtrale. Les deux personnages complémentaires s'accorderont autant dans leur dissemblance que Chantry et Wallace dans leur similitude. Un film construit sur des duos donc. On y retrouve : les deux amis, le couple posé, les sœurs et le couple déjanté, construction scénaristique en écho à la dualité de leur relations « amicamoureuse ».
Par la fluidité de l’écriture et des effets d'animations ludiques et enfantins (petit avatar de Chantry ailée prenant forme sur la façade d'un immeuble ou les branches d'un arbre), le réalisateur Michael Dowse nous rapproche de l’univers poétique et lyrique de la jeune dessinatrice. Mais il pose aussi un regard bienveillant et nuancé sur l'ensemble de ses personnages, particularité qui lui permet de peindre des personnalités excentriques, fantasques ou rêveuses sans jamais tomber dans l’écueil de la caricature grossière.
Alors, peut-on choisir de définir sa relation lorsque l'évidente rencontre amoureuse frappe à notre porte ? À cette question, la nouvelle comédie romantique de la rentrée ne vous laissera pas indifférent, chacun pouvant y reconnaître une situation familière traitée ici avec intelligence et sensibilité.
Grâce à une mise en scène fluide et une écriture cynique, cette comédie joyeuse et morale réussit son pari et nous emmène dans l'univers de Chantry et Wallace, deux êtres que tout rassemble mais peut-être pas au bon moment...
On ne vous raconte pas la fin mais si les histoires d'amour finissent mal en général, les histoires d'amitiés peuvent, elles, se transformer... en conte de fées.
Patsy Stone