C’est rare que je m’aventure à vous dire par quel bout prendre un livre, mais je trouve intéressant dans ces cas de nouvelles réunies sous un même thème de commencer par la fin. Hé, hé, par là, je veux dire de lire avant tout la brève bio de l’auteur offerte à la fin de la nouvelle. J’ai préféré faire connaissance avec l’auteur, apprendre s’il court, ou non, si c’est récent ou si c’est un mordu de la cours avant la lecture de son texte.
Autant l’angle des histoires est différent d’un auteur à l’autre, autant les motivations le sont. J’ai embroché les 8 histoires, et comme dans n’importe quel recueil de nouvelles, certaines m’ont captivés et d’autres m’ont laissé indifférente. Je ne m’en cacherais pas, j’ai sauté immédiatement sur la deuxième, Tandem celle de ma précieuse amie Julie Gravel-Richard. Je l’ai lue à haute voix pour Marsi avec toute l’émotion que peut générer une nouvelle puisée à même le sentiment filial et la menace du cancer qui plane au-dessus d’une famille. Le fait que le regard soit celui du fils vis-à-vis la mère, laquelle on s’empresse d’identifier comme l’auteure est pour le moins remuant, quand on sait qu’elle est au prise avec un tumeur au cerveau (réf. : Soleil en tête). Si j’ai eu un tort c’est d'avoir commencé par la plus forte, à mon avis. Je vous laisse découvrir si vous, ne fréquentant pas l’auteure, vous serez du même avis que le mien.
Celle de Patrick Dion La course en Juillet entre de plein pied dans ce fléau social : l’intimidation quand tu es différent, même juste un tout petit peu. C’est habilement mené et le message passe. Avec London Calling, Michel Jean nous entraine dans la course en forêt, c’est la nouvelle qui m’a le plus donnée envie de courir. J’ai aimé l’image de cette femme sauvage qui s’enfuit comme un couguar en pleine nature. Courir après l’amour, c’est du Nathalie Roy tout craché ! La fin fait plaisir à une lectrice, le propre des œuvres de l’auteure. J’ai dû relire celle de Marie Josée Turgeon, au titre intriguant « La gomme à la cannelle », nouvelle sympathique qui se lit facilement revisitant la prémisse que courir fait avaler les plus éprouvantes peines d’amour. Ma deuxième préférée « Asphalte » de Florence Meney pour l’audace d’être littéraire jusqu’au bout. On sort du ton badin de joyeuse chronique. La fin me fait encore sourire, une image qui me poursuivra et m’attraperait sûrement si je courais assidument.
Plusieurs ont aimé l’humour de « Je suis mouillée de partout » de la comédienne Jacinthe Parenteau, qui m'a malheureusement perdu en chemin du top chrono. Je n’ai peut-être pas tenu la route parce que je n’ai pas suivi la suggestion de l'auteure de consommer sa lecture en écoutant Claptone – No Eyes feat – Jaw Exploited. La dernière, « Errances » a un ton différent, celui de l’histoire vécue. Une réponse prise au pied de la question « Pourquoi courir ? ». Vous serez d’autant plus intéressé si ce comédien, Patrice Godin qu’on ne voit pas assez sur nos écrans, vous intrigue. De tous les coureurs, c’est le mordu entre tous, courant des marathons de 42,5 kilomètres. Je vous assure que ça impressionne.
Une lecture en douceur qui peut réconforter ou encourager ceux qui courent déjà et, qui sait, fera courir ceux qui se demandent encore au sujet de leur entourage : « Pourquoi cours-tu comme ça ? »
Pourquoi cours-tu comme ça ?
Nouvelles sous la direction de Marie-Josée Turgeon et Michel Jean, auteurs de 2 nouvelles.
6 autres : Patrick Dion, Julie Gravel-Richard, Nathalie Roy, Jacinthe Parenteau, Florence Meney, Patrice Godin
Illustrations de la couverture : Jasmin Guérard-Alie
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