ROMAN POUR ADOLESCENTS
Actes Sud Junior, 2014
Quittons l'univers onirique d'Anne-Laure Bondoux pour celui terrifiant de Jo Witek. Bienvenue dans un thriller psychologique très très noir.
Imaginez Edward, un adolescent solitaire, mal dans sa peau, le souffre-douleur de sa classe. Son père est un brillant architecte souvent absent mais qu'il adore. Sa mère est maniaco dépressive. Elle vient juste de rentrer de sa "cure". Cette mère qui a quasiment toujours été absente, souhaite se rapprocher de son fils. Mais ce dernier se réfugie dans l'univers virtuel des jeux vidéos. Jusqu'au soir fatidique où son père se tue au volant de sa voiture. Sa mère est juste blessée...
S'en suit alors un huis clos haletant entre deux psyché malades. La mère, de plus en plus présente, semble vouloir posséder son fils pour elle toute seule. Elle renvoie par exemple ses domestiques. Un jour, Edward "pète un cable" à l'école. Sa mère l'emmène se reposer dans le chalet familial à Courchevel. Il est alors sûr qu'elle veut le supprimer pour être enfin libre...
Qui croire ? La mère est-elle vraiment soignée ? Edward est-il paranoïaque ? Le lecteur est bien en peine de prendre partie.
Jo Witeck réussit à nous faire entrer dans l'intériorité tourmentée de l'adolescent en adoptant un ton neutre à toute épreuve. Aucun monologue, aucun emploi de la première personne. Juste des dialogues et un narrateur omniscient.
Entre ces deux êtres tourmentés, quelques individus qui vont tenter de percer le mystère : le meilleur ami d'Edward, lui aussi souffre-douleur, le meilleur ami de son père et l'inspectrice de police.
S'en suit une suspense inplacable jusqu'à la révélation finale. L'auteur décrit magnifiquement bien les relations violentes entre adolescents, qui plus est dans un milieu favorisé. La présence de l'alcoolisme également. Les situations semblent peut être poussées à l'extrème mais c'est très bien mené. On ne peut que reprocher parfois une écriture un peu lourde.
Les lecteurs "bien-pensants" objecteront que l'auteur porte un coup fatal à la relation
mère-fils; Mais Jo Witek a plus d'un tour dans son sac pour y répondre !