Les inventeurs, ce n’est pas ce qui manque en Algérie, mais les opérateurs économiques qui consentent à transformer l’invention en innovation se comptent sur les doigts d’une seule main.
Lors d’une journée d’étude algéro-allemande sur l’innovation industrielle et technologique, hier, à la résidence Djenan El Mithak, la partie algérienne a fait part, par la voix des représentants du ministère de l’Industrie et des Mines, de sa quête de bonnes pratiques pour mettre sur le marché les produits ou les services inventés. « Lors de cette journée, on va répondre à deux préoccupations principales : quelles sont les bonnes pratiques testées par les Allemands dans l’innovation et ce qu’il faut faire pour accélérer la mise en œuvre des inventions », a fait savoir le consultant au développement industriel au ministère, Fateh Ouzani. Certes, l’entreprise algérienne s’intéresse, ces derniers temps, de plus en plus à l’innovation, selon le directeur général de la compétitivité industrielle au ministère, Abdelaziz Guend, mais la valorisation des inventions pose toujours problème. D’où le besoin de l’Algérie de l’expertise universelle, allemande en particulier. « Le potentiel humain et financier est important en Algérie. Mais il ne peut être efficace sans une expertise et un savoir-faire étrangers », reconnaît-il, soulignant que la mise en place d’un système ou d’un mécanisme pour rapprocher l’invention et les opérateurs économiques répondrait aux attentes de l’Algérie. Il faudrait aussi, comme le souligne le chef de division de l’innovation au ministère, Mohamed Hannache, que les entreprises, publiques ou privées, se résignent à accepter de prendre des risques dans la mise en œuvre des inventions. « L’innovation coûte beaucoup d’argent. Les PME ne peuvent se permettre de s’y lancer mais les grandes entreprises, elles, le peuvent. C’est le cas d’ailleurs de Cevital, par exemple, bien qu’elle sollicite des bureaux d’études étrangers pour le faire. Car nos entreprises ne sont pas pourvues de programme innovation », explique-t-il. Tout en soutenant que la PME doit être assistée par les pouvoirs publics dans l’innovation, il a appelé à la nécessité de la mise en place d’un système national de l’innovation industrielle qui facilitera la mise en œuvre de l’invention. Le système permet, en fait, de passer de « l’exclusion à l’inclusion ». « Grâce à ce système, l’innovation ne sera plus centrée dans un espace réduit, avec une poignée d’acteurs. Il ouvrira l’innovation à tous les secteurs, à tous les acteurs et à toutes les institutions », affirme-t-il. La partie allemande, pour sa part, via son ambassadeur en Algérie, Götz Lingenthal, a estimé que l’Allemagne est le partenaire idéal dans le créneau de l’innovation touchant surtout les PME. La chambre algéro-allemande du commerce et de l’industrie se dit prête à contribuer pour une meilleure collaboration dans ce domaine par le biais notamment de la formation. « Nous chapeautons actuellement un projet-pilote pour la formation en alternance du modèle allemand que nous espérons généraliser au niveau de toutes les entreprises algériennes », indique le président exécutif de la chambre, Abdelatif Brahim.
Farida Belkhiri
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