Vendredi, un enseignant d’histoire-géographie spécialiste du numérique, chef de projets numériques chez Canopé (le réseau de création et d’accompagnement pédagogique du ministère, ex-CNDP), Ghislain Dominé, a dû fermer son blog et supprimer son dernier billet.
Alertée sur Twitter, je suis allée lire le post en question grâce à des amis qui avaient conservé un lien vers le texte en cache. Il n’y a rien de scandaleux.
Il s’agit d’une critique de la stratégie numérique de l’Education nationale. Une analyse de la pensée magique qui, dans l’école, consiste à dire que l’achat de matériel, par ailleurs onéreux, va changer les pédagogies, la transmission et faire progresser les élèves.
Voici comment l’auteur résume sa pensée sur l’état de la réflexion autour du numérique à l’école:
«L’illusion technologique, l’inertie de notre système éducatif, l’échec d’un évangélisme digital.»
Et, Lannoy29, c’est son nom sur Twitter, s’interroge sur les paroles creuses, du type «le numérique est un acteur majeur» alors que les contenus et les pratiques pédagogiques sont, eux, très peu discutés.
Il s’interroge sur l’avenir d’une illusion:
«Illusion de croire que l’objet puisse être performatif par lui-même. “Distribuons des TBI et des tablettes, et vous verrez, plus rien ne sera comme avant!” Mais c’est justement l’inverse qui se produit!»
Mais ne nous y trompons pas, celui qui tient ces propos est lui-même un féru du numérique en classe. Un enseignant qui a écrit un guide sur ce sujet: Les Tice en classe, mode d’emploi.
Voici la photo qui aurait posé problème… Celle d’un TO8 dans les locaux de la délégation académique au numérique éducatif (Dane)…
Simplement, comme les stylos, les cahiers, les dictionnaires, les appareils et les contenus accessibles en ligne sont des OUTILS. Des outils rapides, merveilleux, efficaces, si on s’en sert correctement et de manière réflexive.
«Le numérique n’est que vernis. Le digital s’impose le plus souvent sur une surface rarement compatible. Comme si l’on s’évertuait à construire des tours sur des sols marécageux. Là où on impose du numérique, c’est de la pédagogie qu’il faut prodiguer.»
Le billet de Ghislain Dominé est surtout une ode aux pratiques pédagogiques, qui, avec ou sans numérique, permettent selon lui aux enseignants de se mobiliser davantage et aux élèves de mieux apprendre. Il y rend hommage à Célestin Freinet, qui a diffusé sa pédagogie… dans les années 1920!
A la suite de la censure du blog, nombre d’enseignants faisaient part de leur indignation sur Twitter…