Une poignée que nous étions, pour cet instant de privilège, marqué au fer rouge depuis l'écoute d'un certain Lese Majesty sorti il y a peu. Avec seulement deux dates de prévues dans l'hexagone, une à Paris au Batofar et la seconde dans la capitale des Gaules, objet de cet article, la mesure de notre chance affola très vite la jauge d'un plaisir jusque là fantasmé et sur le point d'être exaucé.
La soirée débuta dans une torpeur toute relative, une dizaine de "pélos" présents dans une salle à la dimension pressurisée, écrin minimaliste mais idéal pour accueillir les beats clinquants du duo américain basé à Seattle. Ce fut au préalable une première partie assurée par le rappeur show man Odatteee, dont la performance cathartique gerba des verbes aiguisés et tranchants, balayant outrageusement les expériences d'une vie parfois à chier. Du son empirique dans tout le sens de son acceptation, brut et corrosif. La suite sera plus langoureuse mais tout aussi sulfureuse...
A quelques mètres d'un public alors bien mieux garni, les deux acolytes tant attendus arrivèrent dans l'ombre, prêts à faire basculer la réalité dans une abstraction désinhibante. Le show sera assuré de manière très propre, consacré en majeure partie au 2ème opus "sa lèse majesté"et suivant le rail de l'expérience sonore progressive. Une performance maitrisée de bout en bout, éclaboussée par la classe d'un Ishmael Butler concentré et concerné par son public, regard impénétrable masqué derrière des carreaux noirs rapidement retirés aux premières goutes de sueur ruisselant sur son épiderme.
de gauche à droite, Tendai Baba Maraire et Ishmael Butler
D'un groove à toute épreuve, mesurés pour mieux exploser, ces princes de la luxure gratifièrent leurs heureux invités d'une expérience aux couleurs multiples, passant du dancefloor humide à une sphère arboricole, parfois animiste (merci le m'bira de papa) et surtout synthétique, oscillant entre des arrangements dont les emprunts dépassent bien des frontières musicales.A eux alors d'inventer une formule peu commune bercée si bien dans le jazz que l'abstract hip-hop, et soutenue par une flopée de mots dérivant vers un chiasme musical renversant. Animale, urbaine, spirituelle, voici quelques premiers adjectifs qui percutent le cerveau au sortir d'une telle rencontre. Un témoignage qui se devait d'être partagé dans les colonnes d'un blog épris par cette tendre et chère Babylone.
Voici une session live du groupe enregistré pour la radio KEXP et présentant ce à quoi vous vous exposerez si vous décidez un jour de pousser les portes de cette demeure somptuaire. Enjoy !
Shabazz Palaces en live pour la radio de Seattle KEXP.