La fusion annoncée des régions Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin donnera naissance à un mastodonte territorial. Présentation et enjeux.
> Plan B. Les élus de Corrèze, proches du président de la République, et leurs collègues des Charentes, très mobilisés, sont parvenus à contraindre le gouvernement à revoir sa copie alors que le projet initial prévoyait le rapprochement du Poitou-Charentes et du Limousin avec le Centre.
> Façade Atlantique. Sur le plan de la géographie, la future grande région du Sud-Ouest sera marquée par son ouverture sur la mer avec 733 kilomètres de littoral sur la façade Atlantique, dont 230 pour les seules îles de Charente-Maritime. Mais elle s’étendra jusqu’aux contreforts du Massif Central, dans la Creuse. Comptez environ cinq heures de route pour aller de Bressuire à Pau et une demi-heure de plus pour faire Guéret-Biarritz.
> Transports. Les autoroutes A10 et A63 constitueront la colonne vertébrale du nouvel ensemble, du nord au sud, reliant Poitiers à Bayonne en passant par Niort et Bordeaux. Les liaisons routières est-ouest sont également satisfaisantes même s’il manque toujours une route digne de ce nom entre Poitiers et Limoges. Depuis l’ouverture de l’A89 via Périgueux, la Corrèze est ainsi directement reliée à Bordeaux. Quant à l’axe Limoges-Royan, il est en grande partie aménagé en 2x2 voies.
> Quelle capitale ? Si le choix de la capitale ne devrait pas faire l’objet de discussions, tant Bordeaux s’impose par sa taille et son dynamisme, les futurs partenaires de l’Aquitaine s’inquiètent d’un phénomène de métropolisation excessif. Il n’y a qu’à regarder une carte pour mesurer à quel point il est difficile de résister à l’attraction bordelaise : les agglomérations de plus de 100.000 habitants se trouvent au nord et au sud, à l’écart de Bordeaux.
> Mutualisation. L’objectif de la réforme étant, entre autres, de faire des économies en mutualisant les services, les agents des conseils régionaux peuvent légitimement craindre pour leur avenir. Lors de sa conférence de rentrée, au début du mois, le président du conseil régional d’Aquitaine, Alain Rousset, s’est toutefois voulu rassurant : « Nous sommes en discussion pour mutualiser les compétences tout en maintenant un maillage territorial étroit. Je veux rassurer les agents des régions Poitou-Charentes et Limousin : il n’y aura aucune mutation forcée. » Une formule envisagée serait la répartition des compétences et des services décentralisés entre Bordeaux, Limoges et Poitiers.
Pas de taxe sur les produits pétroliers en Poitou-Charentes
> L’enjeu pour Poitiers. Dans l’optique d’une fusion avec le Centre, la question se posait en d’autres termes dans la mesure où aucune métropole n’émergeait. Pour peser face à Bordeaux, les maires de Poitiers, La Rochelle, Niort et Angoulême ont récemment réactivé leur réseau de villes. Au-delà des agents du seul conseil régional, l’enjeu, pour Poitiers, sera non seulement de maintenir des directions des administrations décentralisées de l’État, mais aussi d’assurer l’avenir de son université et du son CHU.
> Fiscalité. De manière très immédiate et très concrète, la fusion va aussi se traduire par une harmonisation de la fiscalité. Le Poitou-Charentes se distingue notamment en ne prélevant pas de taxe sur les produits pétroliers. Le taux de la taxe professionnelle va de 2,51 % dans notre région à 4,35 % en Limousin quand il se situe à 3,54 % en Aquitaine. Les taxes sur le foncier sont également plus élevées en Limousin : 15,98 % pour le non-bâti, par exemple, contre 8,63 % en Poitou-Charentes.
> Orientations budgétaires. Des choix devront également être faits pour faire converger les orientations budgétaires. Les dépenses de personnel par rapport aux dépenses de fonctionnement sont actuellement plus élevées en Poitou-Charentes que dans les deux autres régions tandis que le ratio des dépenses d’équipement brut par rapport aux dépenses de fonctionnement va de 7,5 % en Limousin et 12,5 % en Poitou-Charentes à 19,5 % en Aquitaine. Autre indicateur qui illustre l’écart à combler : la dette du conseil régional n’est que de 145 euros par habitant en Aquitaine et 179 euros en Poitou-Charentes quand elle atteint 327 euros par habitant en Limousin.
> La question. Reste une question qui peut paraître anecdotique mais qui ne manquera pas de déchaîner les passions dans un vaste territoire aux nombreux particularismes locaux où l’on parlera à la fois le basque, l’occitan, le béarnais et le poitevin-saintongeais : quel nom donner à cette grande région du Sud-Ouest ?
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Baptiste Bize 28/10/2014