Chaque minute compte en cas de surdose d’un médicament. Que ce soit en cas d’erreur de dosage ou de prise accidentelle d’un médicament chez l’enfant, cet agent développé par une équipe de l’ETH Zürich permet de filtrer rapidement et efficacement les toxines du corps. Il peut également être utilisé pour la dialyse chez les patients souffrant d’insuffisance hépatique. Bref, en cas de surdose, ce traitement, basé sur la dialyse péritonéale et ce liquide à base de liposomes, pourrait sauver des vies.
Les chercheurs savaient que des émulsions lipidiques peuvent se lier à des médicaments une fois injectées dans la circulation sanguine. Les chercheurs ont donc suivi cette approche en s’attaquant au développement d’un agent à base de liposomes, qui sont de minuscules bulles entourées d’une enveloppe lipidique. Au lieu d’être administrée par injection intraveineuse, l’agent est utilisé ici comme un liquide de dialyse lors d’une dialyse péritonéale. Cette méthode de dialyse permet l’épuration du sang et l’élimination des déchets au travers de la membrane péritonéale avec un liquide introduit dans la cavité péritonéale. Le liquide de dialyse est passé à travers un cathéter dans la cavité abdominale où il débarrasse le corps des toxines à travers le péritoine.
Des liposomes pour capturer les composés toxiques : Ce nouveau liquide de dialyse capture les composés toxiques grâce aux liposomes qui, une fois chargés de toxines, sont évacués hors de la cavité abdominale à travers le cathéter. Ce nouvel agent montre ici sa capacité à extraire jusqu’à cent fois plus de toxines que les solutions habituelles, précisent les chercheurs.
Ce liquide + la dialyse péritonéale forment ainsi une méthode particulièrement intéressante pour le traitement d’urgence des surdoses.
De nouvelles applications possibles pour la dialyse péritonéale : Moins efficace que l’hémodialyse qui passe par une « machine » externe pour épurer le sang, et à risque d’infection plus élevé, la dialyse péritonéale ne concerne aujourd’hui que 10% des patients sous dialyse et n’est presque jamais utilisée en cas de surdose. L’option dialyse péritonéale n’est donc préférée que pour une minorité de patients insuffisants rénaux.
Ce sont donc de nouvelles applications possibles, en particulier pour le traitement de la maladie du foie. En effet, le nouveau liquide de dialyse semble être particulièrement efficace pour les maladies du foie impliquant l’accumulation d’ammoniac dans le sang. C’est ce que démontrent ici des expériences chez le rat. La méthode semble aussi une option efficace pour les nourrissons qui naissent avec des troubles métaboliques tels que le trouble du cycle de l’urée et ont besoin d’être pris en charge dans les heures mêmes qui suivent la naissance. De plus, la dialyse péritonéale est plus adaptée aux nouveau-nés en raison d’un accès veineux délicat pour hémodialyse.
Ces premiers résultats semblent donc prometteurs, dans l’attente de prochains essais cliniques, possibles, concluent les chercheurs dans les 5 prochaines années.
Source: Science Translational Medicine 15 October 2014 doi: 10.1126/scitranslmed.3009135 Liposome-supported peritoneal dialysis for detoxification of drugs and edogenous metabolites