Last night - 4/10

Par Aelezig

Un film de Massy Tadjedin (2011 - France, USA) avec Keira Knightley, Sam Worthington, Guillaume Canet, Eva Mendes, Griffin Dunne

Je t'aime moi non plus.

L'histoire : Keira est mariée à Sam. Lequel est attiré par Eva, une collègue. Il part avec cette dernière en voyage d'affaires... Craquera, craquera pas ? Restée seule à New York, Keira rencontre Guillaume, son ancien amoureux, de passage dans la grosse pomme... Craquera, craquera pas ?

Mon avis : Très simplet, comme scénario. Théâtral : dialogues sans fin, quasi unité de lieu. Il ne s'agit en rien d'une comédie romantique, les couples sont faits. Pas non plus d'un drame, pas même un mélo. On se prend même à penser de temps à autre : mais n'y a-t-il donc pas des sujets plus graves à traiter ? Ceci étant, le cinéma est avant tout un divertissement, sinon on peut mettre le JT...

Je pense que la réalisatrice a voulu s'attaquer à une fine analyse de la tentation d'infidélité, au sein du mariage, avec moult regards, frôlements de mains, et gêne, assez bien vus, en effet ; l'enjeu n'est pas tant de savoir si succombera, succombera pas... mais une réflexion sur la fidélité, la loyauté, le mensonge. Ce qui au final n'est pas franchement passionnant, le sujet ayant été maintes fois débattu, d'une part, et d'autre part, tout sauf vital, reconnaissons-le.

Spoiler - Il faut quand même une bonne heure avant que le premier couple "craque", ce sur quoi je me suis exclamée en riant : "Bon, eux, c'est fait. Next." Ce qui vous donne l'état d'esprit dans lequel le film nous plonge, malgré ses bonnes intentions. Spoiler.

De jolies expressions sur les visages, où se mêlent désir et interdiction, l'interprétation n'est pas mal en ce sens. Keira est assez craquante, Sam aussi. Par contre Guillaume, avec ses yeux quasi bridés, ne s'illumine que lorsqu'il sourit, ou qu'au contraire il joue dans le grave ; pas de demi-mesure. Et Eva est maquillée comme un truck volé... ce qui la vieillit.

La dernière image est marrante, à la fois très frustrante (arrêt sur interrogation) et très ouverte (chacun imaginera ce qu'il veut pour la suite)...

Reste le plaisir de voir New York et ses lofts bobos. Mais tout ça reste un brin superficiel.

La critique est comme le film : un tantinet entre deux chaises. "La mise en scène est certes langoureuse et soignée, mais le scénario s'intéresse trop aux fêlures les plus banales des héros" (Première) ; "La réalisatrice novice Massy Tadjedin (...) esquive les lourds écueils moralisateurs auxquels prédisposait son pitch et signe un suspense conjugal plutôt élégamment affecté et d'une terrible justesse, où chaque non-dit résonne comme un coup de poignard" (TéléCinéObs) ; "C'est sans doute ce qui plombe le projet dès le départ : l'évidence de ses situations, de ses personnages et de ses décors reconstitués de bourgeoisie américaine urbaine, l'évidence d'un récit minimal qui cache derrière un impressionnisme aérien une grande superficialité" (Critikat) ; "Last Night" étire, sur plus d'une heure et demie, les atermoiements d'un quatuor suréclairé de beautiful people (...) sur l'opportunité morale d'avoir des relations en dehors des liens sacrés du mariage. Du plus haut comique." (Libération). Idem pour les spectateurs, entre indulgence et réalisme : c'est mignon, mais c'est assez creux.

Just see it and let me know...