Les nouvelles de la bataille du nord, disputée depuis une vingtaine de jours, sont bonnes aujourd'hui. Peut-on espérer enfin voir s'engager bientôt les opérations en vue de repousser les Allemands de Brimont, Witry, Berru, etc. d'où ils ne cessent de bombarder Reims ?
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Nuit tranquille pour la ville. Coups de canon dans la matinée.
Visite au Petit Séminaire, à M. le Curé de S. André, à son École de Filles, très endommagée, à l’École Ch. Rogelet et le rez-de-chaussée sont seuls utilisables : le reste détruit, à l'église paroissiale, dont les vitraux sont très endommagés, plusieurs fenêtres crevées, voûtes percées en plusieurs endroits. Inhabitable pour le moment.
Visite à la Chapelle provisoire, chapelle du Cercle (rue d'Ormesson) où s'exerce le culte, et peut contenir 200 personnes.
Canonnade violente et bombes à 9 h du soir.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims
Dès 8h1/4, une affectueuse lettre de Marcel (du 24) vient éclairer d’un rayon de soleil les si sombres heures que nous traversons.
Il a participé aux engagements du Nord, peinant tant et plus et de toutes façons, supportant vaillamment la fatigue des jours de bataille avec la crânerie du vrai soldat français ; mais ce qui l’abat, notre cher fils, c’est de savoir la mort d’André, que j’ai cru ne pas devoir lui cacher, de crainte qu’il ne l’apprenne indirectement.
Sa douleur égale la nôtre, et plein de fraternelle commisération pour Marie-Thérèse, il s’unit à nos prières pour lui obtenir la résignation et le courage qui lui sont si nécessaires.
Et d’Épernay (22 8bre) c’est Marie qui se fait l’interprète de tous pour dire l’ennui d’un exil aussi prolongé, et l’inquiétude que provoque la rareté des nouvelles.
(Réclamer à ce sujet au Ministre des Postes, car la faute n’en doit être imputée à aucun de nous, je crois ; en ce qui me concerne, j’ai lancé à ce jour à Épernay des lettres en date des 14-15-16-20-21-23-25-26 et 28 8bre, et on ne m’a encore accusé réception que des trois premières).
On est heureux d’apprendre que son paresseux de Jean vient enfin de faire ses premiers pas.
Dans l’après-midi, M. René Varin rentre à la maison dont il était parti depuis le 31août. Son retour s’est effectué de Bourges à Paris en auto, de Paris à Dormans par l’Est, et de Dormans à Reims par le C.B.R.
Pour se mettre au courant de notre vie « en état de siège » il ne saurait mieux arriver, car un calme relatif nous permet de respirer ; mais si au Reims lugubre qu’il ne soupçonnait pas ainsi, venait s’ajouter une séance de canonnade un peu vive ou de bombardement même intense, je crois bien qu’il ne tarderait pas à me fausser à nouveau compagnie.
Paul Dupuy - Document familial issu de la famille Dupuis-Pérardel-Lescaillon. Marie-Thérèse Pérardel, femme d'André Pérardel, est la fille de Paul Dupuis. Ce témoignage concerne la période du 1er septembre au 21 novembre 1914.
Source : site de la Ville de Reims, archives municipales et communautaires