Jean-Daniel Lévy, Directeur du Département Politique-Opinion de Harris Interactive décrypte les derniers résultats du baromètre Harris interactive / Délits d’Opinion
1. Délits d’Opinion : Les guerres internes à la gauche qui sont montées d’un cran ces dernières semaines ont-elles un impact sur la cote de l’exécutif ?
Jean-Daniel Lévy : Alors que, depuis quelques semaines, les débats en France sont essentiellement internes à la Gauche voire au Parti Socialiste, relevons que le couple exécutif ne voit guère la confiance exprimée à son égard fortement changer. La même proportion de Français que le mois dernier se positionne favorablement tant à l’égard de François Hollande (20%) que de Manuel Valls (33%). Reste que, derrière cette stabilité apparente, se cachent quelques évolutions à relever. Générationnelles déjà : les personnes âgées de 65 ans et plus accordent nettement moins leur confiance, 17% (-5 points) à François Hollande, 31% (-6) à Manuel Valls. Politiques ensuite, avec une forte baisse des soutiens recueillis chez les sympathisants socialistes : 65% (- 4) pour le Président, 72% (- 5) au Premier ministre. En fonction de l’activité enfin : croissance des soutiens chez les actifs. Baisse parmi les autres.
Tout semble donc montrer des formes de réactions aux différents débats récents : d’un côté des personnes âgées sensibles, notamment, aux débats sur la famille mais également aux confrontations internes au sein du Parti Socialiste ; de l’autre des sympathisants de la formation politique au pouvoir déstabilisés par la nature des débats minant l’unité du PS.
2. Délits d’Opinion : Comment ces débats qui agitent la majorité modifient-ils l’image des autres figures de la gauche ?
Jean-Daniel Lévy : Si l’on ne peut dire que les débats sont tranchés, relevons que la confiance à l’égard d’Emmanuel Macron (36%, + 10) et Martine Aubry (29%, stable) se caractérisent par des évolutions différenciées. Des deux protagonistes des débats importants de ces dernières semaines, seul l’actuel Ministre de l’économie semble tirer profit. Essentiellement du fait de la croissance de sa notoriété. On le connaît « en mieux ».
On peut voir sa confiance augmenter dans presque toutes les catégories de population. Mais surtout, à droite et au centre : + 18 points parmi les sympathisants UMP, +12 à l’UDI, + 17 parmi les électeurs de François Bayrou mais également +14 parmi les personnes dont le diplôme le plus élevé est le Bac. Relevons que 56% des sympathisants socialistes lui accordent également leur confiance. Dans le même temps, on observe très peu d’évolution de structure concernant la Maire de Lille. Peut-être peut-on voir, en plus du fond du débat, une aspiration à un renouvellement sur la forme. On le sait, les Français – et surtout les sympathisants de gauche – aspirent à des propositions et non à des contestations. Si l’un comme l’autre apportent des contributions au débat, le Ministre de l’économie apparaît peut être plus dans une démarche constructive que l’ancienne candidate à la présidentielle à travers la primaire citoyenne.
3. Délits d’Opinion : A droite, comment évolue la bataille pour le leadership entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ?
Jean-Daniel Lévy : D’abord, l’érosion de Nicolas Sarkozy se poursuit. Sa cote de confiance a perdu 8 points depuis août (de 35% à 27%), notamment auprès des sympathisants du centre (Modem : -16 points ; UDI : -14), de l’UMP (-12), et du FN (-11).
Pendant ce temps, l’écart de confiance entre Alain Juppé (82%) et l’ancien Président de la République (66%) s’accroît chez les sympathisants de droite (passant de 3 points en septembre à 16 points en octobre). Cette dynamique se retrouve également chez les seuls sympathisants UMP : pour la première fois, Alain Juppé (85%, +6) prend l’avantage sur Nicolas Sarkozy (78%, -8). Relevons également l’émergence de François Baroin (29%) ainsi que la poursuite de la progression de Bruno Lemaire (+ 7 en trois mois, + 9 sur les six derniers mois).
Enquête réalisée en ligne du 21 au 23 octobre 2014. Echantillon de 1003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).