Pourquoi l'Université a-t-elle changé ? J'ai transmis mon billet précédent à un universitaire professionnel. Il ressort de son analyse un mécanisme surprenant.
Affrontement entre anciens et modernes, entre "enseignants" et "chercheurs". C'est un peu de Gaulle contre Sarkozy. D'un côté des professeurs éminents, arrogants, un peu ridicules, qui créent une oeuvre indépendamment des modes. De l'autre des arrivistes, jeunes, intellectuellement limités, mais plein d'énergie. Ils ont utilisé les idées issues de la globalisation (Shanghai, internationalisation des cours, "mesure de la performance" par la publication...) pour mettre en faute les premiers, et prendre leur place. Aujourd'hui, leurs idées leur explosent à la figure. (Encore plus à celle des étudiants.) On découvre que les techniques de leurs prédécesseurs étaient bien mieux adaptées à la globalisation et à l'entreprise, et à la recherche, que les leurs. Mais, trop tard !
Ce qui amène à un autre point curieux. Contrairement aux anciens, les nouveaux aiment l'argent. Or, l'Université paie mal. Ce qui les amène peut-être à aller chercher des revenus ailleurs. Raison des dysfonctionnements que j'observe ? En effet, j'apprends aussi que les anciens faisaient, dans l'ombre, un gros travail de coordination, d'accompagnement des élèves, de communication aux entreprises... Il aurait disparu.
(Pourquoi parle-t-on de "chercheurs" ? "aujourd'hui, ceux qui dirigent la formation se targuent d'être des scientifiques (la preuve : "ils publient dans des revues étoilées" ...), alors que leur production scientifique ou académique se situe à un "infra ou proto" niveau (dans un micro-cadre conceptuel donné non nécessairement discuté ou tout bêtement en périphrasant ce que d'autres écrivent)").