La ville de Santander et l’Union européenne se lancent dans l’écoute des sons urbains pour optimiser circulation, consommation d’énergie et sécurité.
Dans le cadre du projet FIRE (Future Internet Research and Experimentation), l’Union européenne se met à l’écoute des villes afin d’améliorer à la fois la circulation, la consommation d’énergie et la sécurité. L’initiative EAR-IT repose ainsi sur l’étude des sons ambiants. À partir de ces données les chercheurs tentent d’évaluer les besoins ou les manques de la ville et essaient d’agir en temps réel pour régler d’éventuels problèmes. Santander en Espagne est au centre de cette expérimentation. Le programme SmartSantander a placé 12 000 capteurs dans les les lampadaires de la ville. Le projet global est financé à hauteur de 1,45 millions d’euros par l’UE en partenariat avec six organisations européennes et une PME chinoise, Wuxi Smart Sensing Stars. Les équipes ont travaillé deux années durant sur le dispositifs et sa variété d’applications.
Pour une meilleure circulation
Premier enjeu du projet : saisir les mouvements de la circulation. Plusieurs start-ups s’étaient déjà lancées sur ce créneau via des logiciels notamment et l'idée de mettre des capteurs dans la ville pour saisir son fonctionnement et ses problèmes est loin d’être nouvelle. Celle de EAR-IT est de se baser sur les sons captés plutôt que sur les de pression par exemple. Le professeur Pedro Maló, coordinateur du projet, prend ainsi l’exemple concret d’un carrefour de Santander cadre de nombreux incidents : “Plusieurs voies s'y rencontrent venant de directions différentes et les véhicules de secours doivent s'y frayer un chemin. EAR-IT a installé des capteurs qui entendent les sirènes et déclenchent ensuite d'autres capteurs pour suivre le déplacement du véhicule de secours. Ces données sont ensuite utilisées pour modifier les feux de signalisation en faveur des ambulances”. Capter les sons de la ville serait donc une solution pour mieux réagir aux problèmes de circulation lorsqu’ils surviennent. Les capteurs peuvent également compter les voitures sur une route et donc se substituer aux capteurs de pression utilisés jusqu’ici.
La consommation d’énergie et la sécurité optimisées
Au niveau de la maison, les capteurs acoustiques du projet permettraient de localiser les personnes dans une maison ou un appartement de manière à adapter la consommation énergétique. Une fois les individus localisés, les capteurs pourraient ainsi fermer/ouvrir une fenêtre, augmenter le chauffage, allumer les lumières, ouvrir les rideaux, etc. En d’autres termes la maison connectée adapterait la consommation d’énergie en tant réel. Autre application importante, les chutes des personnes âgées pourraient être captées immédiatement et une alerte envoyée aux secours. Des technologies qui existent déjà en réalité : un tapis alertant sur les chutes avaient été développé en 2012 à Manchester et des capteurs existaient déjà aux États-Unis afin de prévenir le propriétaire d’éventuels problèmes. Loin d’être une révolution dans les possibilités, EAR-IT permet en fait de combiner plusieurs éléments déjà existants en un seul outil. Une sorte de couteau suisse de la smart city en d'autres mots qui réduirait par conséquence les coûts et qui pourrait peut-être séduire certains investisseurs ou certaines villes réticentes.