L'art de manger au musée Dapper

Des clous dans l'estomac ? dans le coeur ? Les installations de Julien Vignikin qui inaugurent la nouvelle exposition du musée Dapper interrogent la question de la répartition des denrées dans le monde : la malnutrition jusqu'à la privation de nourriture ou au contraire la malbouffe jusqu'à l'indigestion...


Les deux salles du musée déclinent ensuite dans les oeuvres d'arts traditionnels d'Afrique, d'Océanie et d'Asie du Sud-Est, des pratiques différentes autour du "manger". Difficile exercice que de faire cohabiter le pain quotidien et les offrandes pour les dieux !


Il s'agit donc d'un voyage à travers les genres et les continents, un brin organisé mais les frontières sont si ténues qu'il est difficile de cloisonner sans prendre parti.
Parmi les oeuvres exposées, j'ai ainsi choisi les porteuses ou porteurs de coupe ; certains objets me semblant trop éloignés du coeur de la thématique, comme par exemple les Tyi wara liés à la bonne manière de cultiver la terre ou encore les objets des datu Batak que j'ai déjà évoqués.


Classiques mais si belles, les porteuses de coupe Yoruba tendent les noix de kola afin d'honorer les hommes ou les dieux, la statuette de reliquaire Byeri Fang présente quant à elle probablement de l'huile de palme ou de la poudre de padouk ou encore du sang afin de l'enduire ou peut-être les crânes conservés dans la boîte qu'elle surmontait.


Moins célèbres sont les porteurs de coupe des îles Nias. En fait des effigies d'ancêtres masculins parés de leur coiffe dressée ou plus simplement de leur turban, ornés de bracelets et de pendants d'oreilles, indiquant par le port de la coupe les marques d'hospitalité généreuse jusqu'à l'excès qu'ils savaient dispenser.


Beaucoup de choses sont à découvrir dans cette exposition, de nombreux fils sont à suivre selon les arts de manger car ceux-ci relèvent d'actes de socialité : l'hospitalité, la préparation, la consommation, le partage, les offrandes... jusqu'à l'acte de manger l'autre ! Le sujet est bien vaste, et les objets, qu'ils soient destinés au profane ou au sacré, bien beaux !
Pour en savoir plus :
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Photos de l'auteure au musée Dapper, octobre 2014.
Photo 1 : Détail de l'installation "Le dîner des fantômes" de Julien Vignikin, 2012.