Promenade sur l’île de Kiji

Par Nelcie @celinelcie

Après vous avoir emmenés dans le métro Moscovite, je vous propose aujourd’hui une petite balade sur une île du Lac Onega : L’ïle de Kiji

Kiji (ou Kizhi, mais ça se prononce pareil), fait partie des sites que j’ai visité lors de ma croisière Saint-Pétersbourg – Moscou à bord du Krjijanovsky (ou Krjijanovski, mais ça se prononce pareil).

Kiji, où c’est ? quoi qu’il y a ? Comment c’est ?

L’île de Kiji se situe au Nord Est du lac Onega, le deuxième plus grand lac Européen, après le lac Ladoga. Le lac Onega fait tout de même 9720 Km².
C’est la Région appelée Carélie. Kiji fait en partie d’un archipel de 5000 îles et îlots. Avec ses 7 km de longs et presque 1km de large, c’est la plus importante.

Kiji, des païens aux orthodoxes…

… Où comment le site s’est construit.

A l’origine, l’île était un site sacré pour les païens Caréliens de langue Ugrique (j’aurais bien aimé faire Ugrique en troisième langue au lycée moi).
Puis, au 11ème siècle, les russes débarquent dans les environs. Ils trouvent la Région super jolie. Sont vachement contents de leur découverte, quoi ! Oui, mais voilà… Ils découvrent aussi que les gens sur cette île ne sont pas chrétiens. Et ça, bah spa possible !
Alors, vite, il vont remédier à cette grossière erreur en y fondant une chapelle.

L’île bénéficie d’un gros avantage, elle est très fournie en gibiers, poissons et terres arables. Cela attire donc de nombreux migrants.
Ça attire aussi les « puissances » voisines. Forcément, sont pas tarés : gibiers + poissons + agriculture = des sous-sous. Alors si les sous ils pouvaient aller dans leurs caisses…
Le premier de la liste fut Novgorod, jusqu’en 1478. A cette date, elle est annexée par la Moscovie (Région de Moscou). Par la suite, elle ira entre les mains des Polonais (z’ont des grosses mains dis donc), des lituaniens (non ! euh aussi ?), et des suédois (décidément…) avant d’être définitivement récupérée par les Russes (…)

Bon, j’ai résumé pas mal l’histoire, mais vous savez l’essentiel.
Passons sans plus tarder à ma visite à moi, celle que j’ai pu faire avec notre guide local : Dimitri.

Merci d’éteindre votre cigarette avant d’entrer sur le site

Ouep, c’est comme ça, c’est interdit de fumer sur l’île.
Pourquoi donc ? Parce qu’ici tout est fait en bois. Et le bois ça brûle (Et l’eau ça mouille)
D’ailleurs pour rentrer sur le site, on passe d’abord dans un petit chemin surélevé par des planches de bois.

Le groupe est assez nombreux, donc on est divisé en plusieurs petits groupes qui aura chacun son guide. Pour nous ce sera Dimitri, guide qui s’avéra fort sympathique, connaissant parfaitement son sujet. Grâce à l’amour qu’il a de son métier et de son pays, il a rendu cette visite fort agréable. En plus il maîtrisait très bien le français, ce qui était bien appréciable pour pouvoir lui poser des questions. Et puis, il était très ouvert à la critique. En résumé ce fut un très bon moment d’échange que l’on a pu passer durant cette visite.
Un guide comme on n’aimerait en avoir plus souvent !!

A votre droite, une cathédrale

L’île de Kiji se visite principalement pour une chose : La Cathédrale de la Transfiguration.
D’ailleurs, depuis le bateau on ne voit pratiquement que ça. Faut dire qu’avec ses 37 mètres de hauteur c’est pas facile de passer inaperçu !
C’est donc naturellement que nous commençons la visite par cette église. Enfin visite extérieure parce que c’est interdit d’y rentrer.

Bon ok y’a une grande cathédrale, et alors ? Elle a quelque chose de spécial ?
Bah un peu tiens, qu’elle a quequ’chose de spécial !! Elle est tout en bois. Que du bois, rien que du bois. Même pas un clou.
Et puis d’habitude une église orthodoxe comporte 3, 4, 6, maximum 12 bulbes. Ben celle-là elle en a 22 !!!

Tout en bois ? Ils avaient des réductions chez Leroy Merlin ou quoi ?
En premier lieu, sachez que cette église n’est pas toute récente, puisqu’elle a été construite en 1714.
Le bois utilisé est le sapin. Pourquoi ? Parce que dans les environs c’est cet arbre qui est présent. Dans le genre logique… On a utilisé aussi de l’écorce de peuplier.
Malheureusement on n’a pas pu visiter l’intérieur puisque l’église est en restauration jusqu’en 2008. Et que moi, j’ai visité en 2006. Et oui ! Le bois travaille.
Enfin n’empêche. Rien que de voir l’extérieur ça vaut le détour !
Il est assez intéressant d’observer la cathédrale à différents moments de la journée. En effet, ses bulbes changent de couleur selon la lumière. Lorsque nous sommes arrivés sur l’île en début de matinée, les bulbes étaient assez gris, marrons. Mais quand nous avons quitté les lieux, vers 12h, le soleil donnaient au monument des reflets argentés.

A votre gauche, une église

Nous marchons une cinquantaine de mètres, et là, que voit-on ? Oui, une église !!
L’église de L’intercession.
Mais, mais, mais ? Y a-t-il tant de russes qui viennent prier là, qu’ils ont fait deux églises ? Ou alors il leur restait du bois inutilisé ?
Comme vous le savez sûrement, en Russie l’hiver il fait froid. Ça peut descendre à -30°c tout de même, alors glagla quoi ! Et comme vous les savez, un grand monument c’est plus difficile à chauffer qu’un petit. Alors les russes ont eu une super idée : Ils construisent deux églises côte à côte. Une grande pour l’été quand il fait beau, et une petite pour l’hiver quand il fait froid.
Voilà comment on fait des économies de chauffage.

L’église de l’Intercession a été construite en 1764. C’est sûr, à côté de la cathédrale de la transfiguration, elle fait petite. La structure y est assez simple. L’église est surmontée de neuf bulbes.
En 1862 on y ajouta un clocher octogonal en bois.

Nous avons pu visiter l’intérieur de l’église. Celle-ci est constituée de deux salles de tailles assez petites.
Dans la deuxième, celle au fond, on peut y admirer les iconostases.


Une iconostase c’est un mur avec tout plein d’icônes dessus, dans les églises orthodoxes. Elles séparent le clergé célébrant la messe des paroissiens. Une iconostase est considérée comme une porte vers le monde divin.
Et dans la première salle on trouve, bah, en fait je sais plus… Bon, il y avait des icônes aussi, mais y’avait pas que ça… m’enfin bref.
Même que les icônes elles étaient très jolies. Le reste aussi je crois que c’était beau…

Un peu plus loin une église

Encooore une église ??
Oui mais là c’est une toute petite église. Une mini église. Une églisounette.
Il s’agit de l’église de la Résurrection de Lazare.

Mais quelle idée qu’ils ont eu de construire cette église ? Ils en ont déjà deux ça leur suffit pas ?
Oui mais non. Parce qu’en fait celle-là a été construite avant les deux autres. Elle date de 1391. Ce serait le plus ancien édifice en bois construit en Russie.
Hélas, on n’a pas pu visiter l’intérieur. Mais une chose est sûre, l’église elle est petite.

Bon, et à part des églises y’a autre choses sur l’île ?

Mais bien sûr !! En fait, on trouve divers bâtiments typiques russes rapportés d’autres régions de Russie dans les années 1960. Ceci pour faire de l’île un musée en plein air.
On peut donc y voir :

La chapelle de l’Archange Saint-Michel (euh… on avait dit à part les églises..).
Une jolie réalisation datant de la fin du 18ème siècle. Elle est identifiable à son double toît surélevé d’un unique bulbe.

Un moulin à vent.
C’est même le plus vieux de Russie. Mais ce moulin ne se contente pas seulement d’un record de longévité. Il détient en outre le record mondial du nombre d’ailes : huit !

Des « bani »
Ce sont des saunas traditionnels. Et oui ! nous sommes proches de la Finlande, le pays du sauna.
Ils s’agit d’une petite cabane en bois construite sur pilotis. A l’intérieur on trouve un foyer pour permettre de chauffer, et des banquettes.
Il paraît que pour que le sauna soit efficace, il faut se rouler dans la neige ou plonger dans l’eau glacée. Tout nu bien sûr, sinon c’est de la triche ! Malheureusement, je n’ai pas pu tester, il n’y avait pas de neige. C’est bête.
Une isba.
L’isba c’est la maison traditionnelle russe. Toute famille russe actuelle (pas trop pauvre quand même) se doit d’avoir sa isba à la campagne.
On a eu droit à une visite commentée. Et une chose est sûre, c’est super bien pensé et aménagé.

La société paysanne russe du XIXème siècle suivait un modèle patriarcal. En effet, même après leur mariage, les fils restaient dans la maison de leurs pères, tandis que les filles devaient quitter leur maison pour suivre leur mari. Les maisons accueillaient donc beaucoup de personnes regroupant la plupart du temps plusieurs générations.
Dans cette région, l’hiver étant particulièrement long et froid, les maisons étaient aménagées de telle façon qu’il n’était pas nécessaire de sortir trop souvent.
Concrètement, une isba se compose d’une grande pièce principale, généralement surélevée. C’est ici que vivent et dorment tous les membres de la famille. Et qu’ils mangent aussi.
Les autres pièces sont destinées au travail, comme les étables, la ferme ou encore la batellerie. Ceci permettait de continuer à travailler l’hiver, sans pour autant être obligé d’affronter le froid. Les bateaux pouvaient être remisés afin d’être prêts à voguer dès les premières fontes de glace.
N’empêche que t’avais intérêt à bien t’entendre avec tout le monde, parce que vivre cinq mois enfermé avec quinze personnes ça ne devait pas être facile tous les jours.

L’intérieur de la ferme de Kiji a été entièrement restauré afin de faire découvrir aux touristes la vie quotidienne de la région.
On a pu d’ailleurs observer une femme en train de filer la laine. Femme qui doit être sur quelques centaines de photos souvenirs à travers le monde.

Mais, ce n’est pas parce que les russes restaient longtemps à l’intérieur de leur habitation qu’ils ont pour autant négligé l’aspect extérieur. Bien au contraire.
L’isba est une véritable œuvre d’architecture. Les balcons et les volets sont finement ornés et sculptés, et profèrent à cette habitation un aspect qui va au-delà d’une simple habitation paysanne.

Mais Kiji c’est aussi la nature

Et oui, quand on se trouve sur l’île, on a l’impression d’être au milieu de nulle part, presque seuls au monde. Pas de bruit de circulation, pas (trop) de pollution. Juste les hommes, les oiseaux, les moustiques, l’herbe et l’eau. Et puis des fleurs aussi. Et des arbres. Et j’allais oublier les serpents, mais pas de panique les morsures sont extrêmement rares si on fait un minimum attention.
Une nature sauvage dans laquelle il est bon de se balader. Je n’ai qu’un seul regret, qu’on ait eu peu de temps libre pour en profiter. Les inconvénients des voyages organisés…
Il paraît que l’été l’île est envahie par les moustiques et les taons. Sur ce coup on a eu de la chance puisque nous n’avons croisé que quelques moustiques qui ne semblaient pas intéressés par le sang humain.

Kiji, une île à touristes

Ok, Kiji a beau représenter la vie typique de la Carélie. Elle est un miroir sur le passé. Un pont entre hier et aujourd’hui. Mais les habitants faut bien qu’ils vivent. Et puis les Russes ils sont pas bêtes, ils savent bien que, qui dit touristes, dit des sous potentiels.
Alors, vous me croirez si vous voulez, mais figurez vous qu’ils ont installés des boutiques souvenirs. Ouais ! Et même qu’ils les ont installées à l’entrée (ou à la sortie) de l’île, là où les bateaux accostent. Qu’ils sont futés ces russes !!
On trouve aisément de quoi faire plaisir à toute la famille : Les Matriochkas, des colliers d’ambre, des chaussettes en laine pour avoir bien chaud l’hiver, les tasses avec la cathédrale de la Transfiguration dessus… Enfin bref tout plein de souvenirs qu’on trouve un peu partout en fait.
A la différence que les prix sont ici plus abordables que dans beaucoup de boutiques moscovites.
Ma maman elle a acheté une petite cuillère avec l’image de Kiji. Parce qu’elle fait la collection de petites cuillères ma maman. Qui a dit on s’en fout ?
Voilà, la visite de l’île est terminée. Il va falloir se diriger vers le bateau pour naviguer vers notre prochaine destination, non sans avoir pris une dernière photo de la cathédrale pour le souvenir.

Si je vous dis que j’ai aimé cette visite, ça vous étonne ?

En effet, cette excursion à Kiji restera un de mes meilleurs souvenirs de mon voyage Russe, avec la Place Rouge de Moscou.
Pour la sérénité et le calme qui règne à cet endroit.
Pour l’architecture époustouflante qui se marie parfaitement avec la nature sauvage.
Pour le guide local exceptionnel qui nous a transmis sa passion pour sa région, son pays.

Une chose est sûre, après la visite de l’île on comprend pourquoi celle-ci est classée au patrimoine de l’UNESCO.

Comme je l’ai dit dans l’article, ma visite date de 2006. J’aurais voulu vous proposer plus de photos, malheureusement, j’en ai perdu une partie… J’espère que celles que j’ai posté vous plairont.


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