L’objectif premier de la majeure partie de l’aide en Afghanistan n’est pas d’aider les Afghans mais d’installer un Etat et une administration, qui indirectement soutiendront à leur tour les Afghans. Si ces deux objectifs ne sont pas contradictoires, s’attacher au second ne veut pas forcément dire passer par le premier. Cet objectif de construction de l’Etat est politique, bien que souvent assimilé à des motifs humanitaires : les activités qui y sont liées ont été menées sans respect des principes humanitaires, notamment en termes d’impartialité et de ciblage des besoins des personnes les plus vulnérables.
Beaucoup d’attention a été porté à la transition sécuritaire (retrait des troupes d’ici la fin de l’année), mais très peu à la transition de l’aide : la décision de redonner la responsabilité de l’aide, et plus particulièrement celle de la délivrance des services publics à l’Etat, - si tout à fait souhaitable en théorie-, a eu d’importantes conséquences. La transition a été extrêmement rapide et peu de cas a été fait de la qualité des services. Fondé sur des exemples concrets et des entretiens avec nombre d’acteurs en Afghanistan, ce rapport révèle les impacts négatifs de cette politisation de l’aide : une aide décorrélée des contextes locaux ; s’intéressant davantage aux processus financiers et à la gouvernance qu’à l’impact et à la qualité des services proposés.
En tant qu’organisation humanitaire travaillant en Afghanistan depuis plus de 20 ans, ACF demande de mettre fin à l’utilisation de l’aide pour des objectifs politiques et prône une approche plus cohérente et fondée sur des besoins humanitaires évalués, avec la mise en place de réels système de suivi se focalisant autant sur la qualité et l’impact des projets que sur la bonne gouvernance financière.