Les usagers de la très fréquentée ligne Rochefort- La Rochelle doivent faire face à des problèmes de matériel.
http://www.sudouest.fr/2014/10/27/le-ter-victime-de-son-succestrois-autorails-sur-sept-en-panne-1716853-1391.php
Certains matins en gare de Rochefort, il faut se serrer les coudes pour que tout le monde entre dans le TER qui se dirige vers La Rochelle. C'est le cas de celui qui part à 6 h 59, pour une arrivée à 7 h 28 à la gare de la préfecture. « Il est très utilisé par les personnes qui embauchent à 8 heures, car le suivant parvient à La Rochelle précisément à 8 heures », glisse un usager, avant de sauter dans une rame. Beaucoup d'enseignants le prennent, ainsi que des élèves, notamment ceux du collège/lycée Fénelon, qui descendent à la halte de la porte Dauphine, à proximité de l'établissement.
Horaire prisé et l'une des portions de ligne les plus fréquentées de la région Poitou-Charentes… Ce TER cristallise les tensions lorsque les usagers ont du mal à tous s'engouffrer dedans, quand une, voire deux rames manquent. Un autocar a ainsi dû être affrété lundi 8 septembre pour transporter les voyageurs entre Rochefort et La Rochelle.
Trois autorails sur sept en panneContactée, la direction régionale Aquitaine Poitou-Charentes de la SNCF a expliqué que « le manque de matériel TER était dû à des enchaînements de pannes et de révisions des engins type X 73 500 (photo ci-dessus, NDLR) et à l’utilisation d’anciens matériels devant être radiés, qu’il a fallu conserver consécutivement au retard de livraison des Régiolis ». Précisément, ils ont vu leur durée de vie prolongée à la suite d’un retard « de neuf mois » dans la fourniture des Régiolis, fabriqués sur le site alsacien d’Alstom.
Les deux premiers exemplaires doivent être livrés en fin d’année, pour une mise en service attendue en janvier 2015.
En attendant, la région possède sept de ces autorails X 73 500, livrés voilà une dizaine d’années et qui circulent principalement sur l’axe Saintes-La Rochelle. Or, trois sont arrêtés en longue durée : « un en maintenance de moteur normale, un dont le moteur est hors service, et un en cours de maintenance mécanique normale au cours de laquelle d’autres pannes difficilement compréhensibles et réparables ont surgi au fur et à mesure ». Conséquence mécanique : les autorails actifs doivent « passer en entretien régulier plus souvent ».
« Six trains supprimés »
Rebelote le 23 septembre, avec un train doté d'une seule rame au lieu de trois en temps normal. Résultat, « un bus de remplacement et la colère des voyageurs », relate l'un de ces infortunés. Deux jours plus tard, en gare de La Rochelle, ce sont une cinquantaine de personnes qui se sont plaintes de la suppression d'un train à La Rochelle.Mercredi 22 octobre, c'était encore pire, avec « six trains supprimés ». Un blog (http://terlarochelle.centerblog.net) créé par un usager du TER, recense ainsi tous ces désagréments et parle aussi plus généralement de la vie du rail (matériels, horaires).
« Le train qui arrive à 8 heures à La Rochelle est peut-être le plus fréquenté de la région. Il lui faut trois rames pour que cela tienne. S'il y en a deux, c'est problématique, surtout si beaucoup de vélos veulent monter », explique l'animateur de ce blog, Jean-Michel Giraud. Enseignant au lycée Vieljeux de La Rochelle, il emprunte quotidiennement le réseau ferroviaire depuis Châtelaillon. « Ce n'est pas un blog de mécontents, mais de passionnés : on veut faire avancer les choses. Les contrôleurs nous disent de faire remonter les problèmes de pannes de matériels. C'est ce que je fais… », glisse-t-il.
Désireux de ne pas tout voir par le filtre de la critique, le blogueur décerne aussi des satisfecits. Il estime « que les retards se sont calmés. Globalement, il existe des points positifs. » Reste que le problème à traiter selon lui, « c'est le manque d'espacement des trains ». Mais également les informations données aux usagers.
Plus de transparence
Ce blog a été créé pour pallier le déficit de transparence de la SNCF, qu'il avait alors constaté. « J'en avais marre de ne pas obtenir de réponses à mes questions. » Certaines justifications le laissent encore dubitatif, comme celle livrée par Info lignes pour expliquer un retard de vingt minutes, le 13 octobre, pour le TER de 5 h 32 au départ de Saintes en direction de La Rochelle : « “difficulté de gestion du trafic”. Or, comme il s'agit du premier train qui s'engage sur notre ligne, il ne peut pas être gêné dans sa marche par un autre ! », s'exclame-t-il sur son blog.La SNCF n'est pourtant plus une grande muette. Les interpellations ne restent plus sans voix.
La SNCF prend la parole
Un blog (http://maligne-ter.com/larochelle-saintes-bussac) a été ouvert dès 2008 par le responsable d'alors de l'étoile ferroviaire de Saintes. Il se veut un lieu « de dialogue, d'échanges et de rencontres ». Aujourd'hui animé par sa successeure, Florence Abelin, il distille des informations sur les travaux programmés, manifestations institutionnelles et évoque aussi les problèmes de matériel : c'est ainsi que l'on peut assister et participer à un fructueux dialogue, pour peu que l'on arrive à décrypter les noms des autorails. Dans l'un de ses posts du début du mois d'octobre, la responsable de la ligne s'est d'ailleurs livrée à un exercice de pédagogie en détaillant les trois différents types d'autorails en service sur le réseau.Les défaillances de la journée noire du mercredi 22 octobre (panne d'un Intercité à Rochefort, problème de fermeture des portes pour un TER, suppression d'un autre train) ont été commentées le lendemain par Florence Abelin. Opiniâtre, Jean-Michel Giraud a posé d'autres questions en réponse. Pour toujours faire progresser le dialogue.