L’espoir que fait naître une révolution est immense, un tournant de l’histoire radical auquel il est difficile de s’adapter : tout est à réinventer dans une société forcément partagée entre réconfort de ce qui fut et l’espérance de ce qui sera. Si l’on peut bouleverser un régime politique d’un soulèvement collectif, la mise en place d’un nouveau système mettra un temps certain, durant lequel, chacun cherchera quels bénéfices lui ont apporté cette levée de masse vers des jours meilleurs.
Dans son roman, Azza Filali nous montre la vie post-révolutionnaire de tous les jours, celle de tout un chacun. Les événements qui continuent de frémir touchent un peuple entier. Les rapports entre les gens sont souvent altérés parce qu’il est parfois peu aisé de comprendre l’autre, de trouver sa place sur un échiquier sans cesse en mouvement, lorsque les repères disparaissent, que l’avenir n’est plus qu’une idée en gestation.
Puis, il y a la solidarité qui s’installe entre gens de bonne volonté, ces petits gestes éclairant des jours meilleurs sur des souvenirs trop lourds de l’ancien régime. La nature n’aime pas le vide : en l’attente d’un avenir commun la vie renaît doucement selon les affinités. C’est un livre chargé d’humanité, démontrant les paradoxes d’un peuple en devenir où les aspirations des uns ne rejoint pas toujours celles des autres : mais n’est-ce pas aussi cela l’apprentissage de la démocratie ?
Un roman, certes, mais un témoignage rare, lucide, une fresque de la société tunisienne ne marche vers son destin. Un printemps arabe qui a initié celui d’autres pays également en quête de justice, de fierté et de liberté. Lors d’un voyage en Egypte l’an passé, un homme me disait : oui, on a mis au pouvoir des gens très islamisés car c’est aussi notre culture, mais on est encore capable de les virer s’ils nous déçoivent ; désormais, nous savons nous défendre, nous sommes la force du peuple !
4ème de couverture
Mars 2011. Après le départ du dictateur, le pays entre dans une période de turbulences. Peu à peu la vie quotidienne reprend ses droits mais les habitants, conditionnés par un système politique oppressif, déambulent dans leur vie comme des automates, la tête baissée et les épaules rentrées. Pourtant, c’est le moment que choisissent Les Intranquilles pour se séparer du chemin tracé par la foule. Ainsi Jaafar, qui s’est enrichi frauduleusement, Sonia, sa fille superbe un brin légère et délurée, Hechmi l’islamiste militant dévoué à la Cause, Latifa la prostituée au grand cœur et d’autres encore, personnalités diverses et hautes en couleur, se croisent et tentent d’écrire leur propre et singulier destin. Après L’heure du cru et Ouatann, Azza Filali poursuit dans Les Intranquilles le portrait féroce d’une âme humaine prisonnière d’une société en crise et qui désire s’en libérer. Dans cet entre-deux flottant du renversement d’un dictateur aux premières élections libres vécues par un peuple -, les personnages de ce roman sont livrés à eux-mêmes. Ils doutent, manquent de se perdre, avant d’être prêts à assumer leur vérité, si longtemps confisquée.
L’auteur
Azza Filali est née en 1952. Elle est professeur de Gastro-entérologie à l’hôpital La Rabta à Tunis. Elle a par ailleurs obtenu un master en philosophie à l’université Paris-I en 2009.
Son premier livre Le Voyageur immobile (Alif – Les éditions de la Méditerranée, 1991) était un essai sur la pratique médicale. Ont suivi un second essai Le Jardin écarlate en 1996, puis Monsieur L (roman, Cérès, 1999), Les Vallées de lumière (roman, Cérès, 2001), Propos changeants sur l’amour (nouvelles, Cérès, 2003), Chronique d’un décalage (roman, Mim éditions, 2005).
En 2007, elle est invitée en résidence d’écrivains, ainsi que les auteurs Théo Ananissoh, Hélène Gaudy, Frank Secka et Claude Rizzo, par l’Institut français de coopération de Tunis, autour du thème « Regards sur l’adolescence tunisienne ». Vie de miettes, un conte, paraît dans le recueil Vingt ans pour plus tard (elyzad, 2009).
Aux éditions elyzad sont publiées également L’heure du cru (2009), Prix spécial du jury Comar 2010, « Quatre-vingt-dix jours » in Enfances tunisiennes (2010). A paraître Ouatann.
L’heure du cru, son dernier roman, est publié aux éditions elyzad (2009). Il a reçu le Prix spécial du jury Comar 2010.
Crédit bio & photo : Babelio
Détails sur le produit
• Broché: 216 pages
• Editeur : Editions Elyzad (25 septembre 2014)
• Collection : LITTERATURE
• Langue : Français
• ISBN-10: 9973580699
• ISBN-13: 978-9973580696
• Dimensions du produit: 20,5 x 1,5 x 12 cm