L’installation de Femmes Totems, Les Pierrotines d’Anabell Guerrero réalisée dans le cadre d’une résidence à Saint – Pierre, ancienne capitale de la Martinique détruite le 8 mai 1902 par l’éruption de la Montagne Pelée, est un hommage aux femmes de la ville. Des photos anciennes extraites des albums de famille et des images choisies par les habitants dans le cadre d’un workshop photographique, Se Souvenir, accompagnent les créations de l’artiste.
Depuis le mardi 21 octobre, vous pouvez découvrir cette double installation in situ au cœur de la ville.
plan du parcours
La résidence d’Anabell Guerrero s’est déroulée en deux temps et selon deux modalités. La résidence de création finalisée par l’exposition Femmes Totems, Les Pierrotines et un atelier pédagogique de sensibilisation des habitants de Saint- Pierre à la création photographique comme outil permettant d’interroger leur vécu et leur histoire afin d’avoir une représentation subjective et collective du temps de la ville.
Anabell Guerrero ©
Les Pierrotines
Saint – Pierre
Martinique
Les Pierrotines font écho aux indiennes Guajira du Venezuela de la série de 2001, Totems à la frontière déjà exposée à Fort – de – France en 2008, mais aussi à Caracas, Porto Rico, Biarritz. Edouard Glissant a signé un texte sur cette suite photographique en 2006, Frontières, non limites :
« Les images d’Anabell Guerrero, qui si souvent décomposent le réel, le recomposent aussitôt dans son halo, dans ses profondeurs, ses alentours ou son ailleurs… Là bientôt le corps humain se pose, s’impose. Il prend place. Il entre dans la composition. Il devient pan de matière, atome qui se suffit et appelle pourtant, parti pris et totalité. »
Anabell Guerrero ©
Se Souvenir
Saint – Pierre
Martinique
L’atelier de création partagée s’est déroulé en deux temps.
L’album de famille :
Les participants, des habitants de Saint – Pierre de tous âges, ont porté leurs photos de famille. De son côté, l’artiste a sélectionné des images d’archives de Saint- Pierre afin d’explorer le lien entre leur histoire individuelle et intime et l’histoire collective de la ville.
Anabell Guerrero ©
Se Souvenir
Saint – Pierre
Martinique
La création partagée :
A partir de questions sur les différentes particularités de la ville, la présence du volcan, les ruines, l’architecture, la reconstruction, le présent et l’avenir, les participants ont produit des images qui habitent leur imaginaire. Ensuite, après une sélection collective, les images ont été exposées dans l’espace public.
« Il s’agit de travailler sur la représentation de la ville, sur le rapport des habitants au volcan, le rapport entre l’histoire intime de famille et l’histoire collective. Comment la ville continue à avancer et à se projeter dans l’avenir malgré une histoire tragique où elle a été complètement détruite? Quels sont les attentes et les espoirs de ses habitants ? Quelle perception ont-ils de la ville de St. Pierre (son passé, son présent, son avenir). Il est fondamental de passer pour cette mémoire d’après l’éruption du volcan pour comprendre ce qu’on vit actuellement. Comment les habitants se sont installés à St. Pierre ? Comment la nouvelle ville d’après la tragédie s’est constituée ? Il y a dans les ruines de St. Pierre une connotation qui nous invité à penser à ce qui a résisté, ce qui pour une raison ou une autre a été assez fort pour ne pas s’effondrer avec le reste… on ressent d’une part la mémoire mais aussi un monde qui a été construit sur les ruines et pourtant sur une résistance. » précise Anabell Guerrero
Anabell Guerrero ©
Se Souvenir
Saint – Pierre
Martinique
Ce projet s’inscrit dans le programme du Grand Saint – Pierre, programme de valorisation culturelle et artistique du Nord Caraïbe de la Martinique. Le geste artistique intervient ici pour modifier le regard, recomposer la perception du monde, animer et dynamiser le territoire, en révéler la dimension patrimoniale profonde.
Anabell Guerrero ©
Les Pierrotines
Louise
Saint – Pierre
Martinique
2014
Anabell Guerrero ©
Les Pierrotines
Marie-Turenne
Saint – Pierre
Martinique
2014