Fêtes durant tout le week-end, transition entre les happy hours de vendredi soir entre collègues, une sortie sans fin entre copains et copines du samedi soir, et finalement cette soirée avec ce type rencontrée hier, toujours en boîte, entre piste de danse et comptoir. Fatiguée serait un doux euphémisme pour décrire mon état, et surtout celui de mon studio.
Fringues, jupes, collants, pulls, culottes, escarpins, chaussures, pantalons, tee-shirts, tout est en vrac entre les essayages et mon état comateux de chaque retour. Je marche sur ce tas de choses, je cherche les murs pour ne pas rencontrer les coins de meubles, je plie sans rompre, mais le sol a tendance à s'assouplir, voire à prendre du gîte, ou du roulis. Distorsions des largeurs et des longueurs, je vire vers la porte oblique.
Tangage, tribord et babord, j'ai taper les murs de mes toilettes pour réussir à poser mon derrière dessus hier soir, enfin ce matin, en rentrant tard, très tard, trop tard. Toutes les dimensions enflent et parfois se compriment vers ma tête. J'étais prête à me vomir, tellement l'alcool et les cigarettes m'ont dégligué le cerveau. La musique donnait encore dans le matin froid, avec ce premier métro du matin. Pourtant dehors, quelques oiseaux, du vent, un jour naissant, pas de monde, et moi qui vibrait en musique, qui chantait peut-être, je me souviens de bribes de cette matinée, peu de la soirée.
Le papier m'a échappé des mains, le rouleau est devenu kilométrique, et je ne vous dis pas ma morphologie digne d'un dessin revu par les monty-python. Des bras trop courts, des nausées, des murs trop proches, du papier.
Troublée ne serait pas un mot juste, évaporée nom plus, juste absente de mon cerveau, comme de passage dans ce corps qui était le mien sans en avoir le contrôle. Beurrée, version grand large, déglinguée de première classe, bîturée, je suis une loque. Mais là, enfin je sens ma peau, sous la douche.
L'eau me brûle, et pourtant je viens de comprendre que j'avais encore mon top en soie, trempé maintenant sur moi, comme mon collant. Deux tonnes pour deux vêtements à décoller de ma peau, en foutant de l'eau partout, je cherche le savon, pour avoir une odeur saine proche de moi, pour me chouter avec de la vie active, de la lavande ou du parfum des îles.
J'émerge au fur et à mesure que mon corps réagit à l'eau froide cette fois. C'est mieux, car dans quelques heures, je vais être en réunion, fatiguée, désarticulée, défigurée si le maquillage devient un trafalgar avec un pinceau d'eyeliner de deux mètres. Je dois retrouver le contrôle, mais trois soirées, trois longues nuits, pas de journées, de repas normaux dans un week-end, cela fout tout en l'air.
Heureusement, trente minutes de douche froide, une robe noire un peu structurante sauvera le déluge de vagues qui me hantent encore. Un collant opaque, des bottes. Un peu de poudre pour chasser mon teint blafard. Ok, j'avais des invitations, avec de belles rencontres, un chagrin d'amour en poche avant aussi, mais là, j'aurai dû dire stop. Pas aux autres mais à moi-même, car là je suis minable.
Je vais prendre l'option piétonne pour prendre l'air, pour aérer les neurones mortifiés de honte qui sont cachés dans un coin. Je me regarde dans les vitrines, je cherche les repères, des lignes droites, des perspectives fiables pour mes yeux encore en pleine naviguation éthylique, espérons que les emails seront nombreux pour occuper ma matinée. Ecouter, sans sombrer dans le sommeil, sera mon objectif du matin. Du jour.
Et ce soir, dodo, toute la semaine, dodo et zéro sortie. Même si le blues de la célibataire, de la plaquée revient me hanter. Rien. Dodo.
Bonne semaine à toutes.
Nylonement