Les joueurs pathologiques deviennent de moins en moins euphoriques au fil du temps. En cause, le développement d’une altération spécifique du système de récompense dans le cerveau, démontre cette équipe de chercheurs des Universités de Londres et de Cambridge. Leurs conclusions au Congrès de l’European College of Neuropsychopharmacology de Berlin apportent une meilleure compréhension de cette dépendance croissante qui touche, selon les sources, de 1 à 5% de la population.
Le système opioïde endogène est l’un des systèmes neurochimiques qui joue un rôle essentiel dans l’addiction en général. Les récepteurs opioïdes et les peptides opioïdes endogènes sont très présents dans les structures cérébrales qui contrôlent les phénomènes de récompense et sont donc impliqués dans de nombreux processus addictifs (opiacés, cannabinoïdes, alcool, nicotine…).
L’étude constate ici, par scanner par TEP (Positron Emission Tomography) sur 14 joueurs pathologiques et 15 volontaires sains, que le système opioïde des joueurs pathologiques réagit différemment à celui des participants « sains ».
1- Lorsque les chercheurs mesurent les niveaux de récepteurs opioïdes chez les 2 groupes, ils constatent l’absence de différences entre les niveaux de ces récepteurs chez les joueurs pathologiques et les non-joueurs.
C’est une différence majeure avec les dépendances à l’alcool, à l’héroïne ou à la cocaïne, où sont observées des augmentations des niveaux de récepteurs opioïdes.
2- Mais le cerveau des joueurs réagit moins fortement aux endorphines : Tous les sujets ont reçu un comprimé d’amphétamine pour libérer des endorphines (des opiacés naturels) dans le cerveau, et subi à nouveau un PET scan. Le scanner montre que les joueurs pathologiques libèrent moins d’endorphines et que l’amphétamine induit chez eux moins d’euphorie que chez les non-joueurs. Le cerveau des joueurs pathologiques réagit différemment à cette stimulation, réduisant le sentiment d’euphorie et favorisant ainsi la dépendance.
La dépendance au jeu marque donc ses différences : Ces résultats identifient ainsi des différences entre la dépendance au jeu et d’autres dépendances et confirment un type d’implication du système opioïde dans le jeu pathologique. Une piste pour développer de nouvelles approches thérapeutiques, peut-être. Car si le traitement par antagonistes des opioïdes (naltrexone et nalméfène-Selincro) semble avoir un effet positif dans le traitement du jeu pathologique, les meilleurs résultats de ces médicaments sont obtenus chez des joueurs compulsifs ayant des antécédents familiaux de dépendance à l’alcoolisme. Cette étude ouvre des possibilités pour les autres types de joueurs pathologiques sans antécédents familiaux ou personnels d’autres dépendances.
Source: European College of Neuropsychopharmacology Pathological gambling is associated with altered opioid system in the brain: Reduced feeling of euphoria when compared to healthy volunteers (Visuel © koya979 – Fotolia.com)
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