Un double concert/présentation d'album à l'Espace Delvaux ( Rue Gratès, 3) , Matthieu Thonon soumet "De Beaux Lendemains" et Ivan Tirtiaux "L'Envol".
Un dénominateur commun, de la chanson française haut de gamme, mariant esprit, sagacité, inspiration, lucidité et élans poétiques.
Donc, Matthieu, tu es chanteur/compositeur et pianiste..
Et musicologue, madame!
Monsieur, si tu veux bien, musicologue comme Piero Kenroll et Jean Jième, ou comme Sylvie Bouissou qui affirme que Jean-Philippe Rameau est le compositeur de 'Frère Jacques', mazette, ça paye bien?
Trêve de plaisanteries, Sylvie a retrouvé la trace de Matthieu Thonon ( fils de Manu Bonmariage) au sein de KroepoeK , de Sismo, de Room Service ( avec Mathias Bressan) et de A Nous Deux puis il inclut une pause dans ses activités musicales.
2014, le gars de Watermael-Boitsfort est revenu à ses premières amours et sort l'album "De Beaux Lendemains" qu'il vient défendre ce soir devant toute la famille, les voisins, les copains et les amoureux de beaux textes .
Il n'est pas seul sur la scène transformée en bric-à- brac bordélique, un guitariste doué, Benoît Minon, Sébastien Taminiau ( Cave Canem, comme Benoît) à la contrebasse, basse ou violon, Antoine Thonon à la batterie et beatbox et deux choristes, l'une sage, l'autre délurée, Hélène Couvert et Nicole Cangueiro ( chanteuse au sein de Com~Tradição, groupe de fado, dont fait partie, le monde est petit, Sébastien Taminiau).
Le concert démarre par un instrumental/mise en bouche ( imprégné d'un essaim bruyant de voix off ) piano/guitare et une contrebasse au final. ( 'Berceuse' en dodo mineur).
Un petit côté Yann Tiersen attachant.
L'équipe au complet entame ' Pas de chance', une rengaine joviale devant annihiler la scoumoune frappant le héros.
Mention très bien pour la guitare du mignon Benoît.
Quoi Fabienne?
T'as aimé ...à la gare du Midi j'ai le coeur qui déraille...
'Wetteren hot potatoes', souvenez-vous: "Champ d'OGM saccagé à Wetteren: les auteurs condamnés à 25 000 euros de dédommagements..."
Du bintje balkan rock brillant, kazoos à gogo!
En souvenir d'une nuit passée sous la tente montée à côté d'une porcherie, 'Rose Bonbon', elles sont bien en Miss Piggy, les choristes!
Exit les demoiselles, un violon et Antoine au beatboxing, voici 'Accidents', un titre tourbillon aux accents progrock.
Tu aimes les rimes en ul(le) pas nulles, 'Dans ma bulle' est pour toi.
Tiens, la voix te rappelle Thomas Dutronc, le côté nonchalant aussi.
On embraye sur un trois temps iconoclaste, 'Oh, les beaux jours'.
Paroles de papa, introduction symphonique à la Michel Polnareff, un duo/dialogue surréaliste Hélène/Matthieu, 'Marie.
Amorce en onomatopées à la Nougaro, 'Péripatéticiennes' vire rock filles de nuit.
Eclectisme roi, Matthieu Thonon nous propose un punk, toile de fond crash boursier, avec 'Public privé' ( le PDG) pour terminer le set avec la tendre valse 'Elle est ronde', exaltant la maternité.
Un mélodica fluet décorant la délicate ariette.
Présentation des musiciens, applaudissements nourris et un rappel!
Unplugged, le gypsy swing fébrile, 'C'est ça le monde'!
Question: que devient-on lorsque papa est écrivain, acteur, chanteur, maître verrier?
Euh, joueur de foot, Chippendale?
OK, on fait le singe sur scène!
Tu ne crois pas si bien dire, un des premiers projets du terrible Ivan était Ivan et les singes savants, un album six titres en 2007, au fond jazz et présentant un attrayant côté Pascal Charpentier.
2014, autoproduit, 'L'Envol', défendu sur scène en bonne compagnie, Raphaël Dumas ( mandoline,banjo, guitare) - Daniel Vincke ( basse, guitare, seconde voix) et Matthieu Vandenabeele ( drums, percus, harmonium, orgue, backings).
'Tourneville' dominé par les accents sensuels d'une mandoline aux sonorités arabes ouvre le bal.
Ivan, en observateur flegmatique de la société, assiste au ballet des passants en sirotant son petit noir à une terrasse.
Du Bernard Lavilliers placide.
Il enchaîne sur le blues languide ' Je me brûle les ailes' chanté d'une voix nonchalante.
Un ton désabusé à la Thomas Fersen.
Procrastination quand tu nous tiens, 'Pourquoi remettre à demain' et son rythme entraînant invite à a danse.
Attention, carré blanc... le repos du guerrier d'accord, mais pas celui du gourdin...
On a tous nos bêtes intérieures, sur fond americana, ' Dans la poitrine' .
Tu dis, Charles?
... Je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.Chacun d'eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu'un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d'un fantassin romain...
C'est un peu ça, Charles, mais la Chimère vit dans mes entrailles!
Elégie à Pablo Neruda, Aragon: 'La guitare'.
A propos de guitare, la mienne se nomme Cesaria, elle a disparu après un concert, pendant des mois j'ai remué ciel et terre, rien, elle était perdue, j'étais perdu, j'ai rencontré Odetta, je l'ai adoptée, Cesaria, jalouse, est revenue...
PS: Cesaria s'était évaporée le jour où une grande dame du Cabo Verde a quitté ce bas-monde!
Un nouveau blues aux parfums Tinariwen/ Gerard Manset 'Graines d'arbres'.
Doux et beau!
'Charlatan': le printemps est une duperie.
Ecrit par un ami parisien, Polo ( Pierre Lamy), une lumineuse rêverie impressionniste, 'La marche du soleil', que tu verrais bien au répertoire de Juliette Gréco ou de Jeanne Moreau.
On poursuit avec un saudade marine indolente, ' Les Océans'.
Raphaël a coincé un tournevis derrière les cordes du banjo, l'utilise comme levier pour produire d'étonnantes résonances élastiques.
Un second Polo, 'Ta Tristesse'.
Polo doit aimer Henri Salvador, Georges Moustaki, Serge Reggiani et, accessoirement, Françoise Sagan!
Elégance et subtilité!
'Présage', dont le clip a été réalisé par Stéphane Manzone, envoûte, enivre, t'emporte vers des horizons moins gris, la plage précède ' Arrose les fleurs' d'Allain Leprest qui a mis fin à ses jours en 2011.
Un texte d'une rare justesse qui achève ce grand concert.
Un bis, bien évidemment , le léger et chaloupé cha cha cha 'Le bonheur n'arrive pas qu'aux autres' datant de l'époque simiesque.
Public debout et second rappel, une version participative de 'Pourquoi remettre à demain'.
Monsieur Weyergans François a quelque chose à ajouter: "la procrastination est une défense immunitaire face à une société extrêmement rude, un moyen de se défendre des assauts du monde contemporain."
Tu veux une chope, François?