Extrait de l'ouvrage : « Le Campi Flegrei, supervolcan actif », auteur Raymond Matabosch.
Chapitre III. Le complexe volcanique Campi Flegrei : Se méfier du Pisciarelli. (suite)
Activités thermales et fumerolliennes anormales sur le Pisciarelli.
Depuis octobre 2006, une activité thermale inhabituelle et croissante vient bouleverser le calme paterne du site. Une source d'eau bouillante a subitement paru, formant rapidement un bassin bouillonnant d'environ 3 mètres d'ampleur. Entre les 9 et 10 mars 2009, la «polla» s'est brutalement étendue, atteignant 5 à 6 mètres de diamètre. Parallèlement, la température de l'eau a augmenté. La présence d'impacts de boues, dans les murs de la digue proche de l'évent thermal, suggère qu'il a pu se produire un événement fulminent, de type micro-explosion phréatique conjuguant eau, boue et gaz.
Entre les 16 et 21 décembre 2009, une nouvelle bouche fumerollienne est apparue, venant grossir, d'un nouvel élément, le champ fumerollien du Pisciarelli.Une seconde fois, il a pu être observé la présence de boue autour du point d'émission avec des éclaboussures et des petits amas jusqu'à plus de 3 mètres de haut. De telles constatations laissent insinuer que l'ouverture de la bouche a pu être consécutive, mélange d'eau de boue et de gaz, à une mini événement d'archétype explosif. La température de la nouvelle fumerolle, d'environ 95° Celsius, en fin 2009, est en augmentation sensible et continuelle. En décembre 2010, elle avoisine les 130° Celsius. Par définition, une fumerolle est une fissure ouverte près d'un volcan ou sur une zone vulcanienne, d'où s'échappent des gaz volcaniques plus ou moins chauds, de 100° Celsius à plus de 500° Celsius. Ces buées bouillantes sont composées de vapeur d'eau, de sulfure d'hydrogène, de dioxyde de carbone, de dioxyde de soufre, d'acide hydro-fluorique, de composés de chlore et d'azote, d'acides tel l'acide sulfurique, d'éléments minéraux d'origine magmatique et de traces métaux à l'état de vapeur comme du mercure, etc... Des dépôts colorés précipitent, souvent, autour de l'évent. Elle correspond, en profondeur, au dégazage, tranquille et régulier, d'un magma.
La distribution géographique de ces zones renseigne les volcanologues sur les fissurations qui se produisent dans l'édifice volcanique, donc des zones potentiellement faibles. Elles sont une source d'informations précieuses sur l'activité du volcan. En effet, la remontée du magma, dans la chambre magmatique, provoque d'importants dégazages générant un bombement du plancher de l'édifice volcanique, des craquelures et des fissures au sol qui s'élargissent. Il est alors constaté une augmentation graduelle du nombre d'évents fumerolliens, de la température et l'acidité des buées sulfureuses.