De retour dans la maison de sa famille pour des obsèques, un homme encore jeune, sombre et nostalgique, retrouve les lieux de son passé et des images qu’il croyait oubliées. Le suicide d’un locataire dans une voiture au bout d’un chemin, sa rencontre avec une petite voisine, Lettie, qui affirmait alors que l’étang de derrière la maison était un océan.
Depuis Stardust et Coraline, Neil Gaiman fait partie des auteurs que je suis avec un certain intérêt.
Quand j’ai entendu parler de son nouveau roman, L’Océan au bout du chemin, ma curiosité a rapidement été piquée. Dans cet ouvrage, les fans du romancier y retrouveront certains de ses thèmes de prédilections comme la possibilité d’un monde parallèle au nôtre, l’enfance ou encore l’imaginaire. Mais la force de ce roman est de confronter ces-derniers avec des thématiques moins évidentes comme le deuil, le sacrifice ou la vie de couple en montrant le tout à travers les yeux d’enfants.
Les enfants, ainsi que je l’ai dit, ont recours à des voies secondaires et aux sentiers cachés, tandis que les adultes suivent des routes et les itinéraires officiels.
Dans cet Océan au bout du chemin, il crée un univers extraordinaire en partant de notre monde réel. Il utilise pour cela le folklore et les mythes, comme l’image de la triple déesse (la vierge, la mère et l’ancienne) représenté ici par Lettie Hempstock, sa mère et sa grand-mère. En flirtant à chaque page avec le fantastique, il raconte avec délicatesse et intelligence les réminiscences d’un homme qui a été marqué par son enfance.
Si au début du roman, on a tendance à se demander où on a mis les pieds, le récit devient rapidement fluide. On se laisse porter par ce récit, même si les informations ne cessent de s’amonceler et qu’il n’est pas toujours évident de faire le tri.
Les souvenirs d’enfance sont parfois enfouis et masqués sous ce qui advient par la suite, comme des jouets d’enfance oubliés au fond d’un placard encombré d’adulte, mais on ne les perd jamais pour de bon.
A l’image de son univers complexe et parfaitement construit, Neil Gaiman nous offre une galerie de personnages riches. Le narrateur nous embarque dans ses souvenirs aussi rapidement qu’il a lui même été séduit par sa jeune comparse qui voit un océan dans une simple mare.
Récompensé par le prix Book of the Year 2013, L’Océan au bout du chemin ne laisse pas intacte une fois la dernière page lu. Le lecteur se perd entre réalité et imaginaire avec un plaisir non dissimulé. Passionnant et poétique !
L’Océan au bout du chemin de Neil Gaiman
Ed. Au Diable Vauvert / 320 pages / 18€