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Alan Ball

Publié le 26 octobre 2014 par Hunterjones
Alan Ball Alan Ball avait 13 ans en 1970 et sa grande soeur 22. Elle le reconduisait à son cours de musique quand elle a trouvé la mort au volant de sa voiture dans un terrible accident. Alan s'en est tiré.
Enfin...
La mort, en s'invitant si près de sa vie, allait teinté la saveur de la vie pour lui pour toujours.
Écrivant d'abord pour la télévision, il allait en 1999, à 42 ans, créer à la fois la réussite et l'humilité.
Alan Ball Créant d'abord une série télé duquel l'on dirait qu'elle était "painful to watch" et faisant les listes des pires émissions télés de 1999, Sam Mendes allait réaliser pour le cinéma la même année un de ses écrits (D'abord prévu pour le théâtre) qui allait lui mériter l'Oscar du meilleur scénario (et quatre autres statuettes:  meilleur film, meilleur acteur, meilleur réalisateur et meilleure direction photo), se méritant surtout l'estime de tous dans son métier.
Alan Ball en quatre cavaliers de l'apocalypse:
Alan Ball SUR LE CHEVAL BLANC  1999: American Beauty. Le film raconte l'histoire d'une famille et de ses voisins de banlieues qui ont pour la plupart (sauf trois) perdus la capacité de voir la beauté du monde. Ball l'a vue dans un simple papier de plastique volant dans le vent pendant une quinzaine de minutes au World Trade Center Plaza. Un moment zen et bouddhiste qu'il glisse sous le vernis d'une famille de banlieue pleine d'acrimonie où papa, à 42 ans, tombe en crise personnelle et fait des choix pour lui, où maman voit son palais de cristal se fêler et où l'ado se cherche des modèles de vie entre deux zombies. Les voisins sont intégrés à cette famille en implosion et le sexe, comme dans toute l'oeuvre d'Alan Ball, organisera le désordre, ne serais-ce que dans les scènes finales. Génial.
Alan Ball SUR LE CHEVAL ROUGE 2008 à 2014: True Blood.  Pratiquement toutes les histoires de vampires sont une métaphore sur le sexe. Perte de virginité ou encore sortie du placard, Alan Ball n'y fera pas exception avec cette brillante et sensuelle adaptation de The Southern Vampire Mysteries de Charlaine Harris. Se déroulant principalement dans le village fictif de Bon Temps en Louisiane, Ball raconte la cohabitation ouverte, mais parfois difficile, entre les vampires et les gens normaux, (remplacez le mot vampire par homosexuel). "God Hates Fangs" affichent certains gens du village, plus conservateur (Enlevez le "N" du mot Fangs qui veut dire "crocs" et vous aurez le vrai propos). Les vampires sont décrits dans la première série comme "venant tout juste de sortir du cercueil" par les reporters télé (remplacez les mots vampires par homosexuels et cercueil par placard ) et ainsi de suite.  Les thèmes de l'intolérance, des impitoyables dogmes religieux, de l'ignorance, du racisme, de l'hypocrisie sont explorées avec beaucoup d'intelligence et de subtilité.  Métamorphoses, phénomènes surnaturels, fruits de la passion, loups-garous, ménades sont aussi au rendez-vous. Sexy.  Alan Ball
SUR LE CHEVAL NOIR 2007: Towelhead. Le livre d'Alicia Erian raconte l'histoire d'une jeune adolescente de 13 ans d'origine libanaise au corps de femme qui ne comprend pas les impulsions qu'elle créé chez certains adultes. Elle est envoyée de chez sa mère à Syracuse, New York chez son père à Houston au Texas pour être confrontée à sa vision libanaise de l'éducation et aux voisins qui la trouvent eux aussi, délicieuse pour l'oeil. Elle se découvre elle aussi, une zone sexuelle intérieure qu'elle s'ignorait. Le film, que Ball adapte à l'écrit et réalise lui-même, nous confronte sur tant de sujets inconfortables qu'il trouve difficilement son public. Déconcertant. Alan Ball
SUR LE CHEVAL PÂLE 2001 à 2005: Six Feet Under. La série racontant la vie de la famille Fisher dont le père, propriétaire d'un salon funéraire de Californie, décède soudainement suite à un accident de voiture (tiens, tiens...) sera marquante pour l'histoire de la télévision en Amérique. On y explore le deuil, la résilience, la peur, la résistance, l'audace, la mortalité bien entendu mais surtout l'urgence de vivre. Rarement une série m'aura autant parlé*. J'ai vibré au rythme de Nate Fisher comme jamais je n'aurais pensé le faire, fondant en larmes lors d'un épisode où il clamait avec rage "Why am I so angry all the time?". Humour et drame se côtoient avec beaucoup d'imagination et de créativité. Lauren Ambrose et Thora Birch, deux actrices choisies par Ball sur deux projets différents en l'espace de deux ans se ressemblent tant, il faudra croire que Ball y voit quelqu'un qui lui y est cher (sa défunte soeur?). La scène finale de cette série a été votée l'une des plus belles de l'histoire de la télévision. Alan Ball Les 63 épisodes de cette fameuse série ornent, en cinq tomes, le dessus du bureau sur lequel je vous écris, Vital.
Merci la vie pour Alan Ball.
* Le grand-père paternel de l'amoureuse était lui-même embaumeur et travaillait dans son propre sous-sol, exposant dans le salon, les 8 enfants cachés plus loin à l'étage. La série a beaucoup rejoint l,amoureuse aussi. 


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