C’est fait ! avec 289 voix contre et 221 pour, les députés ont adopté, ce soir, le projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) mis au point par une commission mixte paritaire Assemblée-Sénat. Les bons petits soldats ont donc répondu présents cette fois-ci !
Les députés PS, PCF et Verts ont annoncé mardi le dépôt au lendemain du vote définitif probable du texte sur les OGM par le sénat, d’un recours au Conseil constitutionnel contre ce projet de loi.
On verra…
A noter, un gros dérapage du député nouveau centre Philippe Vigier qui a déclaré : «J’aurais aimé qu’en 1986 vous soyez un peu plus rapide lorsqu’on savait qu’il y avait des kits de détection du sida qu’on pouvait légaliser en France et que vous avez attendu une année pour les légaliser dans ce pays».
Le PS Philippe Martin s’est précipité en direction du charmant député. Il a été retenu. Devant la tournure des événements, le président UMP de l’Assemblée Bernard Accoyer a suspendu la séance pour un quart d’heure et demandé aux députés d’évacuer l’hémicycle.
Beaucoup plus intéressant, intelligent et constructif ; je vous recommande la lecture dans le monde daté du mercredi 21 mai de l’article de Jean Paul Oury, docteur en histoire des sciences et technologies.
Voici un extrait, qui à mon avis, illustre parfaitement l’enjeu du debat qui dépasse largement le clivage politique gauche droite :
“Aussi, il apparaît clairement que ça n’est pas l’appartenance à une famille politique qui définit le fait que l’on soit plutôt pro, ou plutôt anti. En ce sens, la querelle des OGM n’est pas politique, elle est idéologique : elle oppose deux visions du rapport “homme/nature” qui se trouvent également réparties à gauche et à droite : la position qui consiste à se définir comme anti-OGM est une vision conservatrice du vivant.
Elle est, comme nous l’avons démontré par ailleurs, issue d’une philosophie naturaliste qui voit la nature comme un patrimoine à conserver et auquel l’homme resterait soumis. De ce point de vue, toute “manipulation” devient suspecte, alors que les produits qui sont estampillés “naturels” apparaissent, eux, comme étant au-dessus de tout soupçon.
Cette vision refuse la transgenèse végétale parce qu’elle la suspecte de ne pas être un “moyen naturel” de production du vivant. A contrario, l’autre vision, elle, peut être caractérisée de “progressiste” en ce sens qu’elle part du principe que l’homme a depuis toujours modifié le vivant et son environnement et que cette capacité de modification est la condition même de sa survie.
De ce point de vue, les “solutions OGM” se justifient par le fait que ne pas développer cette technologie possible fait courir un risque plus grand à l’humanité : celui de se priver d’un outil indispensable à sa survie. D’un côté, on croit donc que le salut de l’homme passe par sa capacité à sauvegarder un équilibre avec la nature, de l’autre, on considère plutôt que cet équilibre qui n’existe pas de fait est à trouver et, par conséquent : l’homme est libre de “reprogrammer” le vivant en question.”
Bonne réflexion.