Magazine Beaux Arts

Niki de Saint Phalle : une femme peut en cacher une autre

Publié le 25 octobre 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

Ouverte depuis déjà plus d'un mois au Grand palais à Paris, l'exposition Niki de Saint-Phalle connaît un succès populaire certain. Cet engouement ajoute à l'image d'une artiste dont la notoriété est internationale et dont le parcours est notamment associé à l'histoire du Nouveau Réalisme en Europe.

Bonny and Clyde de l'art

Niki de Saint-Phalle 1961

Niki de Saint-Phalle Rétable 1961

Car l'histoire de cette femme artiste ou de cette artiste femme rejoint celle, mouvementée, du couple qu'elle forme avec un autre artiste célèbre, Jean Tinguely. L’aventure turbulente de ce couple commence lorsqu’ils se rencontrent à Paris en 1955. Ils ont vingt cinq et trente ans, sont tous les deux mariés et deviennent amis. Pendant les quarante années suivantes, les deux artistes ont consacré leur vie à la création, Niki de Saint Phalle choisissant délibérant de ne pas créer d’enfant pour créer des œuvres. Au cour de cette vie nomade qui leur permit de s’investir notamment dans plusieurs très grandes réalisations communes à travers le monde, c’est leur confrontation à la fois personnelle et artistique qui forme la toile de fond de cette œuvre en tandem.

"Faire saigner la peinture"

Artiste femme, Niki de Saint Phalle révèle assez vite dans son œuvre les racines d'une violence dont on ne connait pas encore l'origine. Cette violence, l'artiste la canalise en décidant de "faire saigner la peinture". La scène de crime remonte à 1961. Invitée au salon Comparaisons, Niki de Saint Phalle découvre une œuvre voisine de la sienne, une grande œuvre blanche de Bram Bogart. C’est en voyant cette toile que l’artiste aura l’idée de «faire saigner la peinture». Elle se met aussitôt au travail et convie quelques jours plus tard Pierre Restany à assister à une séance de tir à la carabine sur tableaux : fixés sur une planche, des tubes remplis de couleurs sont recouverts de plâtre puis sont percés à l'aide de tirs à la carabine. Son compagnon Jean Tinguely n'est pas en reste pour utiliser la violence dans son art. Il produit des machines autodestructrices dans le bruit et les explosions.

"Mon secret"

Skull Meditation Room, 1990 Niki de Saint-Phalle

Skull Meditation Room, 1990 Niki de Saint-Phalle

Femme artiste Niki de Saint Phalle gardera le silence pendant de nombreuses années sur les origines de cette violence traduite dans ses peintures et ses sculptures. Ce n'est qu'en 1994 qu'elle  révèle dans son livre "Mon Secret"  le viol commis par son père lorsqu'elle a onze ans. On découvre alors que la vie de cette femme est marquée par de nombreuses autres  douleurs : "électrochocs à vingt trois ans pour «schizophrénie» ou «dépression nerveuse» selon les sources, problèmes pulmonaires récurrents, crises occasionnelles d’arthrite rhumatoïde..."
Si bien que jouxtent dans cette œuvre prolifique les "Nanas" colorées, exubérantes, les tirs à la carabine pour faire saigner la peinture, les positions radicales envers les institutions (notamment contre le mariage), un féminisme à l'image de son désarroi personnel. L'exposition dense du Grand Palais retrace les différentes périodes de cette vie mouvementée, douloureuse souvent, totalement consacrée à son œuvre. Attention en traversant l'exposition Niki de Saint Phalle, une femme peut en cacher une autre.

Photos: de l' auteur

Niki de Saint Phalle
17 septembre 2014- 2 février 2015
Grand Palais
75008 Paris


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pantalaskas 3071 partages Voir son profil
Voir son blog