Hier soir, j'étais à la remise de la Légion d'Honneur de Gérard Caudron - Maire de Villeneuve d'Ascq, ancien Parlementaire Européen - mon patron.
Mon Patron car j'ai fait parti de son équipe municipale de 1995 à 2001 et son collaborateur de 1997 à 2002. Et le désigner comme tel c'est par respect et aussi par affection.
Respect parce durant cette période, j'ai pu constater que c'était un bosseur, un gros bosseur et les résultats électoraux qu'il a enregistré dans sa ville ne sont pas le fruit du hasard mais avant tout du fait d'un travail sans relâche. Je me souviens encore de ces petits papiers qui garnissaient ses poches tout au long de la journée quand il arpentait Villeneuve. Le soir tard, ils étaient retranscris sur la messagerie interne de la ville et adressés au service pour un traitement... traitement qui très souvent voulait dire dans les 48h. Hier soir, il faisait allusion à son relatif anonymat malgré son statut de Parlementaire Européen vis à vis des socialistes français, c'était tout autre chose au niveau du Parlement car il était impliqué, il travaillait tout autant, était présent.
Affection car je n'oublie pas que c'est lui qui m'a mis le pied à l'étrier et que c'est en partie gràce à lui que je travaille pour mon nouveau patron Guillaume Delbar - Maire de Roubaix-. Il est d'ailleurs curieux de constater que tous les deux sont arrivés à la tête de leur ville dans des circonstances non programmées. Tout comme moi il y a 19 ans, tout comme moi il y a 6 mois ; nous n'étions pas programmer pour.
De Gérard, je garde trois anecdotes.
La première c'est comment je suis devenu conseiller municipal à 25 ans. Durant quelques mois, je m'étais investi dans le groupe de jeunes - au PS - pour préparer les municpales de 1995. Quelques semaines avant le dépôt des listes, la personne qui gérait ce groupe nous demandant qui était interessé pour être sur la liste. Je me suis dit pourquoi pas sauf qu'elle Gauche Socialiste moi Rocardien revendiqué, cette candidature n'est jamais arrivée à Gérard... allez savoir pourquoi ? Bref à quelques jours du dépot des listes, j'en avais presque oublié cette candidature. Au même moment, une lettre de Caudron est arrivée dans ma boite m'invitant à une réunion car il ne trouvait pas de candidat sur le quartier du Pont de Bois. Après avoir hésité, je me suis rendu à cette réunion un samedi matin, je suis intervenu et à la fin j'ai été voir le Maire pour lui expliquer que je m'étonnais de ne pas avoir été à minima conctaté. Réponse : "tu me fais un CV, une lettre de motivation", tu me l'as dépose lundi à 8h. A midi, sa sécretaire m'appelé, "êtes vous dsponible ce midi pour manger avec Monsieur le Maire ?". Le lendemain, c'était fait, j'allais être le Benjamin de la nouvelle équipe avec la mission de mettre en place des réunions publiques élus/citoyens/services ; encore aujourd'hui elles sont d'actualité.
La deuxième anecdote, c'est la façon dont je suis devenu son collaborateur parlementaire en 1997. En juin, Franck -celui en place - part pour une autre aventure, j'avoue que ce boulot m'interressait bien mais bon, je n'avais pas fait sciences Pol, juste une licence d'histoire. Le Maire demande à me voir, je me rends dans son bureau et là simplement "j'aimerai bien travailler un peu plus avec toi et toi ?"... l'entrevue a duré moins d'une minute ; pour assurer le tuilage, je commençais le lendemain.
La dernière illustre davantage le caractère parfois éruptif et légendaire du Gérard. De mémoire c'était un ou deux après la prise de fonction de ce poste. Les choses étaient bien huilées, le travail passionnant et parfois éprouvant - ah les demandes d'explications écrites ou discours pour les sessions parlementaires du dimanche pour livraison lundi matin :) -. Donc Gérard Caudron avait à coeur un A4 bien tassé sur son activité de parlementaire de la semaine, chaque jeudi. Après quelques mois, cela me prennait une heure parfois un peu plus quand il fallait un peu trouvé l'actu. Bref le temps de quelques modifications par le Patron - par fax ... - , le tout était bouclé,envoyé à quelques 400 destinataires, mis en ligne en moins de 4h. Sauf que... un jeudi matin les choses ne se sont pas passées comme ça. J'arrive au boulot, fais mon truc rapidement (en plus j'étais content de moi...), je faxe à Bruxelles, après une heure pas de retour... chose étonnante. Il appelle "bon tu m'envoies Fax Info, je pars en commission" moi "ben je l'ai fait, bon je te le renvoie"... je réexpédie. 20 mn passe... coup de fil "JE N'AI TOUJOURS RIEN !" moi 'Gérard, je t'assure je l'ai envoyé déjà deux fois, je recommence", je réessaye... 5 mn plus tard coup de fil "MAIS QU'EST CE QUE TU FOUS, J'EN AI MARRE DE BOSSER AVEC UN INCAPABLE..." bref, Gérard éructait au téléphone. A cet instant, j'ai posé le combiné, me suis levé et suis sorti de mon bureau sous l'oel médusée de ma sécrétaire. A cet instant, je pensais sincèrement que je pouvais chercher autre chose, je quittais mon boulot. J'ai donc passé une partie de la journée à errer en mairie quand la secrétaire du Maire m'appelle en milieu d'après midi pour me dire que ma collègue à Bruxelles tentait de me joindre. Celle-ci me dit alors "Marc, il n'y avait plus de papier dans le fax".
Le soir, j'ai croisé Gérard qui m'a simplement dit "Ca va ?'comme si de rien n'était ; le lendemain, j'étais au boulot. En 5 ans, c'est la seule fois où je l'ai vu s'emporter sur moi...
Alors, oui c'est peu de dire que Gérard Caudron, et aujourd'hui encore dans mes nouvelles fonctions, m'a appris beaucoup par rapport à l'action publique, par rapport à l'action politique.
Et 20 ans après, oui ça reste quelque part mon patron et ce même si nous ne nous voyons plus hormis en de rares et très - trop -brèves occasions.
Cette légion d'honneur c'était aussi l'occasion de revoir des collègues du Conseil, des copains, des citoyens que j'avais rencontrés durant cette première vie politique, et ça aussi ça m'a fait plaisir.