Cachée derrière un pseudo, j'avais sillonné plusieurs sites de rencontres, pour ne plus qu'en conserver qu'un seul, pour sa qualité, pour les options et puis pour les affinités plus nombreuses avec des autres profils.
En deux ans de soirées solitaires face à mon écran, fatiguée par un boulot liberal très prenant, je pouvais sortir sans predre trop de temps, sans subir les ambiances navrantes. Ainsi je croisais des fiches, puis j'échangeais avec certains, parfois juste quelques mots pour comprendre leurs attentes. Au fil du temps, des liens s'étaient tissés, mais avec très peu de rencontres réelles, la distance souvent, l'envie modérée aussi, et puis je n'avais pas réellement de désir, sauf peut-être celui de lire des mots agréables pour moi.
Et puis il y avait eu cet homme, un profil élégant, des photos ensuite, vraies, sans fioritures, une certaine honnêteté, rare en ce lieu. Un style d'écriture en lien avec le reste, et puis simplement ce partage sans trop insister, donc c'est moi qui l'avait relancé, en lui parlant de mon amplitude charnelle, proportionnelle à toutes mes gourmandises, à ma réelle attente pour chacune de ses réponses.
Un soir, j'avais tout misé, tapis comme au poker, pour lui dévoiler ma vie, mes formes, moi. Rien de surprenant, mais plus de transparence, puis ce silence, cette longue soirée, à écrire, à décrire, à entendre ses émotions face à ce moi révélé. Une harmonie, des heures durant, des discussions sur tous les sujets, sur nos passés même, sur nos doutes, sur ce qui façonnent nos personnalités d'aujourd'hui. On a ri, parfois l'émotion reprenait le dessus, avec la difficulté de transmettre un sentiment dans des phrases courtes, dans un échange très interactif, mais sans intonations dans les paroles sur écran.
Alors on a fini au téléphone. Plus exactement jusqu'au petit matin, une nuit blanche à parler de tout, de moi, de lui et aussi de nous. D'un rendez-vous, d'un restaurant. Ensemble.
Sur la volupté, il m'a rassuré, en me parlant de ses rondeurs aussi, de son goût pour une féminité sensuelle, loin des diktats de la presse féminine. On a ri encore.
Aujourd'hui, ce soir, ce vendredi soir, nous serons enfin ensemble dans un bistrot pour gourmets, lui et moi, je dois choisir ma robe, mes chaussures, ne pas trop en faire, mais le séduire, ne pas me cacher mais plutôt assumer mon corps, comme toujours. Ce soir plus encore !
Nylonement