Guernica

Publié le 24 octobre 2014 par Cinephileamateur
De : Emir Kusturica.
Avec : Karel Augusta, Borík Procházka, Hana Smrckovà, Miroslav Vydlák...
Genre : Drame.
Origine : Yougoslavie.
Durée : 18 minutes.
Date de sortie : 1978.
Synopsis : L'antisémitisme vu par un petit garçon juif...
"- Papa, où s'enfuit la nuit quand le soleil se lève le matin ?
- Écoute, ça se passe comme ça : La Terre tourne tout le temps et ne montre jamais qu'un seul côté au soleil. Alors quand un de ses côtés est éclairé, l'autre reste dans l'ombre. L'ombre et la lumière. C'est ça le jour et la nuit. C'est toujours comme ça."



Continuant dans ma lancée de regarder quelques court métrage, je me suis attelé ensuite à un film de fin d'études d'Emir Kusturica. Connaissant très mal la filmographie de ce cinéaste, c'est un peu sans trop savoir à quoi m'attendre que je me suis plongé dans son univers et dans ses premiers pas avec "Guernica".
Et je ne le regrette pas. J'ai trouvé ce film très intéressant et il m'a même donné envie d'en voir un peu plus de ce réalisateur. Sur un scénario écrit par Emir Kusturica et Pavel Sykora, j'ai été très touché par ce récit. Commençant avec une certaine tendresse avec une balade entre un père et son fils, le film va rapidement trancher avec son ouverture et nous plonger dans une brutalité psychologique assez intense. En effet, si en temps de guerre le court métrage nous montre jamais d'images sanglante, la violence psychologique exercé est nettement plus violente que du sang.
Pourtant, il y a une certaine poésie qui se dégage de cette œuvre et une approche avec l'art et l'Histoire qui mérite le coup d’œil mais au-delà de ça, j'ai trouvé que malgré sa légèreté ambiante avec une musique qui peut paraitre trompeuse, on ne peut qu'être ému par cette histoire. La guerre et l'antisémitisme vu par le regard d'un enfant... Voilà de quoi le film va nous parler et voilà comment on va voir une forme d'innocence se briser devant la cruauté et l'injustice absurde d'une guerre.
Le parallèle avec l'ombre et la lumière est pas mal d'ailleurs mais dans ce film riche en symbole, la scène qui me marque le plus reste celle de photos découpées au niveau du nez. L'enfant qui tente de sauver sa famille mais qui ne peut que constater que cette dernière mutilée est en train d'exploser aux yeux de tous avec un sentiment d'impuissance. Cette vision de la guerre par un enfant est vraiment marquante je trouve et le poids des images vaux parfois même plus que le poids des mots.
Si l'ensemble est percutant, c'est aussi parce qu'Emir Kusturica a réussi à livrer une bonne mise en scène à la fois très sobre mais qui va à l'essentiel. Ce court métrage démontre bien la puissance que l'art peut avoir dans notre société. D'ailleurs, la scène d'ouverture avec ses œuvres et cet enfant qui cherche le bon endroit où mettre sa tête n'est pas non plus dénuée de symboles. La caméra du cinéaste est en tout cas toujours bien posé, ce dernier utilise d'ailleurs très bien je trouve les différents décors mis à sa disposition ainsi que la lumière (même si du coup son générique d'ouverture devient illisible).
Pour résumer, "Guernica" fut vraiment une très bonne surprise pour moi. Je ne m'attendais pas à aimer autant ce court qui au-delà de son histoire a réussi à faire véhiculer pas mal de messages et de symboles à travers sa très bonne mise en scène et son approche de l'art. Vu par un enfant, j'ai pas été indifférent et cette sensation d'impuissance de voir une innocence et une naïveté enfantine brisé sous nos yeux en font un film assez brutal psychologiquement. Un court métrage en tout cas réussi pour moi dans son fond et dans sa forme avec en prime une très bonne durée qui fait que ça passe assez vite en allant directement à l'essentiel.