J’avais presque oublié comment c’était, d’en avoir envie. Entre petit confort et faux prétextes, on a vite fait de préférer les chaussons en pilou – et de s’y trouver bien.
J’avais presque oublié comment c’était, avant, la jeunesse, la liberté, le grain de folie.
J’avais presque oublié comment c’était, après une journée de labeur familial et ménager, de trouver le courage de se recoiffer, de mettre du bleu sur mes yeux, du vert sur mes ongles, un peu de parfum, et de voir son regard pétiller.
J’avais presque oublié comment c’était, de fermer la porte derrière nous, de dire soyez sages surtout, et de grimper dans la voiture comme avant, quand on avait moins d’années et moins d’enfants.
J’avais preque oublié comment c’était, de sentir sa main dans mon dos, ses yeux dans les miens, nos rires sans les leurs, nos voix chuchotées, complices et irrévérencieuses un peu. Nos verres à l’amitié de ceux qui nous rejoignent. La musique enfin, qui doucement nous gagne, un clin d’oeil, nos chaises repoussées et la piste de danse, encore sage à cette heure.
J’avais presque oublié comment c’était, sa main qui me guide et nos pas qui s’accordent sans même y penser.
J’avais presque oublié comment c’était, lâcher prise, tout oublier, chanter à tue-tête et danser, danser, danser encore jusqu’à ce que la musique s’arrête, et les lumières se rallument.
Alors seulement rentrer, faire le tour des chambres pour distribuer les baisers sur les fronts endormis. sourire dans la nuit et se coucher, épuisés et heureux.
J’avais presque oublié, mais aimer et danser ne s’oublient jamais.