C'est à l'occasion du récent TechCrunch Disrupt de Londres que son lancement – pour l'instant uniquement en beta privée, en Allemagne, en Autriche et en Suisse – a été officialisé. Le contenu de son offre ne réserve a priori pas de grande surprise, pour sa catégorie (il rappelle notamment le modèle de Simple à ses débuts), puisqu'elle se limite à un compte courant, une carte de débit (MasterCard) et une application mobile pour la gestion. L'ensemble est totalement gratuit, y compris pour tous les paiements et retraits d'espèces dans le monde entier.
Ce n'est donc clairement pas grâce à sa palette de produits et services financiers que la startup va changer la donne en Europe. En revanche, plus encore que par son approche « low cost », et comme il se doit au XXIème siècle, c'est essentiellement sur l'expérience utilisateur que Number26 mise pour conquérir le vieux continent. Dans cette perspective, la société met en œuvre et assemble un certain nombre de mécanismes relativement originaux (quoique non exclusifs), susceptibles de répondre directement aux attentes des consommateurs de l'ère numérique.
En premier lieu, l'ouverture de compte est largement simplifiée, par rapport aux procédures en vigueur dans la plupart des établissements traditionnels. L'opération est réalisée entièrement en ligne, sans requérir le moindre envoi de document physique. Elle se conclut par un contrôle d'identité exécuté en visioconférence (comme le teste depuis peu ING-DiBa). Point besoin de rendez-vous, ni de se déplacer, ni de perdre une heure ou deux à remplir divers formulaires, 5 minutes suffisent pour finaliser l'entrée en relation.
Par la suite, l'utilisation du service au quotidien est également soignée. Ainsi, outre la possibilité – désormais classique – de suivre les dépenses par catégorie, l'application mobile reçoit une notification immédiatement après un achat. Le mécanisme retenu pour parvenir à cet exploit sans révolutionner les réseaux de paiement existants est basique (il s'appuie sur la demande d'autorisation transmise à chaque transaction) mais il donne au client une illusion de traitement en quasi temps réel pratique et rassurante.
Il faut encore noter la présence – dès cette première itération de la solution – d'options qui restent trop rares aujourd'hui, dont, par exemple, l'activation et la désactivation à la demande de la carte (sur quelques critères spécifiques), afin d'en sécuriser l'usage, ou bien les échanges d'argent entre amis par SMS et par messagerie. Et les idées ne manquent pas aux fondateurs de la startup pour continuer à enrichir l'expérience, telles que l'utilisation des fonctions de géolocalisation du téléphone pour détecter des transactions suspectes.
À plus long terme, ils envisagent de faire de Number26 une plate-forme capable d'intégrer et fédérer autour du compte courant les services financiers proposés par d'autres acteurs disruptifs de la « fintech ». Il s'agit d'ailleurs d'une des pistes retenues pour établir un modèle économique viable – en complément des commissions perçues sur les paiements par carte et des intérêts collectés sur les dépôts des clients (pris en charge par une banque partenaire) – sur lequel la société est, soit dit en passant, d'une transparence exemplaire.
En synthèse, l'offre de Number26 ne comporte aucune réelle nouveauté (en France, elle rappellera Soon), hormis peut-être la notification des dépenses en « temps réel », mais elle se distingue tout de même par un assemblage cohérent de fonctions devenant indispensables au consommateur moderne. Comme toujours avec une startup, c'est aussi une promesse d'évolutions futures qui retient l'attention et, dans ce sens, la vision de « plate-forme » est séduisante, en particulier dans une logique de personnalisation permettant au client de panacher à sa guise les produits et services dont il a besoin…