Si l’on connait et que l’on apprécie les films de Cédric Klapisch, on ignore en général son travail de photographe. Or pour travailler et réfléchir ses plans, le cinéaste français fait son repérage l’appareil à la main. Comme il le dit, « Je ne me sens pas photographe mais j’ai toujours fait de la photo. Quand je fais des photos de repérages je prends des notes visuelles qui vont me permettre de concevoir le film. »
Ainsi pour la première fois, sont présentées quelques unes de ses photos réalisées lors de son dernier film, Casse-tête chinois. L’intrigue a lieu entre les deux villes de Paris et New York. Sur cette thématique urbaine donc, ses observations, repérages et représentations de plans sont exposées à la Galerie Cinéma.
Une exposition accessible et décryptée au moyen d’un film de 7 minutes réalisé pour l’exposition.
« Quand j’ai commencé à travailler sur Casse-tête chinois, j’ai vite compris que ce que je racontais sur le personnage principal devait passer par une confrontation entre Paris et New York. L’état du personnage était incarné successivement par ces deux villes. Le mouvement du film est : il est parisien, il quitte Paris, il va à New York, il devient new-yorkais… Au départ je ne savais pas trop ce que ce voyage allait vouloir dire… »Ainsi donc peu à peu en analysant ses prises de vue de repérage, Cédric Klapisch tire plusieurs conclusions : Après avoir fait des photos dans les deux villes j’ai commencé à voir des grandes lignes se dégager. Le côté rectiligne des deux villes qui ne s’exprime pas de la même façon. Le côté “carré” de New York renvoyant au cubisme et à une certaine forme de modernité face au côté dessiné et jardin à la française de Paris se référant au classicisme.
La lumière spécifique des deux villes. Le ciel bas et lourd parisien en opposition à la lumière solaire et tranchée de cette ville de bord de mer qu’est New York. Les couleurs, Paris en camaïeu de gris et de beige. New York multicolore. Les gens aussi, plus libres et colorés à New York. Quelque chose de plus guindé et plus maitrisé à Paris. D’un côté la capitale “cool” de l’autre le règne de la “mesure” »
C’est ainsi qu’après avoir regardé les photos une première fois, on les redécouvre à la lumière du discours du réalisateur.
Dans le film, il explique comment d’une photo prise avec un contre-jour franc, il a imaginé la première scène de son film. Souhaitant que l’on découvre le visage de son héros, au fur et à mesure, avec en arrière fond ce mur de briques rouges. La démonstration est efficace et on est conquis. Ravis de voir sous nos yeux, et sur les images, une ville familière devenir le décor d’un propos.
Paris – New-York, Cédric Klapisch
à la Galerie Cinéma
26 rue Saint Claude
75003 Paris
(exposition terminée, du 5 septembre au 18 octobre 2014)