Il y a deux semaines, Je vous parlais d’une table ronde sur le libre-accès, organisée à Lyon dans le cadre de la semaine internationale du libre-accès. J’ai voulu cette semaine poursuivre le débat et revenir un peu plus en profondeur sur ce sujet de société, et en profiter pour vous parler du réseau HackYourPHD. Le débat dont il est question est donc le libre-accès à la science.
Une situation peu glorieuse
La science vient du latin scientia, « connaissance ». La science est l’ensemble des connaissances que l’humanité a réussi à arracher à l’ignorance. C’est un bien commun qui a une valeur universelle. Ça, c’est la définition de la science que vous trouvez dans les encyclopédies ou sur Wikipedia. C’est l’idéal de la science. La réalité, elle, est bien souvent différente. Dans la pratique, la science privilégie trop souvent des logiques élitistes, qui frôlent parfois l’ésotérisme. La science s’élabore secrètement dans d’obscures officines, d’où ne sortent que des publications dans des revues qui sont pour la plupart confidentielles. Du coup, la science avance en ordre dispersé, il est fréquent que des scientifiques travaillant sur un même sujet s’ignorent. C’est dire si la connaissance est peu accessible, contrairement au bel idéal de la scientia. Le problème est, du reste, bien identifié. L’Académie des Sciences elle-même note, en conclusion de son rapport publié le 6 avril 2004,
À la différence des cursus d’ingénierie ou encore des études de santé, la filière dédiée à la formation scientifique des enseignants et celle dédiée à la formation des chercheurs sont cloisonnées et inadaptées, interdisant en l’état l’indispensable renouvellement générationnel qui s’engage. (p. 17)
Moi qui ai vécu ce système de l’intérieur, je fais partie des observateurs — de plus en plus nombreux — qui pensent que la recherche scientifique n’est plus aujourd’hui à la hauteur des enjeux de notre époque, qui pensent que la recherche scientifique s’est coupée du monde, qui pensent que la recherche scientifique est une “boîte noire” pour la majeure partie de la population, comme le dit si bien le collectif HackYourPHD, et qui pensent que le citoyen a un droit de savoir de la production scientifique, y compris des sciences fondamentales.
Le réseau HackYourPHD
C’est donc de ce constat qu’est parti le réseau HackYourPHD. Ce réseau rassemble des étudiants, des jeunes chercheurs, des autodidactes, des entrepreneurs, des citoyens engagés, bref, tous ceux qui s’intéressent à la production et au partage des connaissances au sens large. Ce collectif de praticiens de la recherche et citoyens créatifs a pour ambition d’apporter des solutions concrètes à des problématiques complexes et de construire une collaboration plus que nécessaire entre acteurs de la production de la connaissance. En effet, c’est à cette condition qu’une intelligence collective pourra naître et apporter des réponses aux problèmes les plus pressant de la société. HackYourPHD multiplie alors les initiatives pour le libre-accès à la recherche. Dans le cadre de la seconde semaine de l’Open Access Week, qui se tient du 20 au 26 octobre à Paris, Saclay et Lausanne, HackYourPhD organise une soirée spéciale à l’ESPGG vendredi 24 octobre, de 19h à 22h30. La soirée tournera autour des questions « L’Open Access ? C’est publier dans un journal comme PLOS ? » « HAL me dit quelque chose, c’est pareil qu’ArXiv non ? »… Des sujets passionnants qui attirent, année après année, de plus en plus de participants. Si vous êtes Parisien ou Vaudois, n’hésitez pas à suivre l’évènement.