N’ayant pas de coupe-file et n’ayant pas réservé une entrée à heure fixe, nous avons attendu plus de deux heures pour accéder à l’exposition des oeuvres de Niki de Saint-Phalle au Grand Palais. Nous connaissions déjà la Fontaine Stravinsky à Paris et avions déjà vu, il y a plusieurs années, le Cyclop en Essonne (mais c’était un jour où on ne pouvait y pénétrer). Et aussi quelques-unes de ses « Nanas » dans une galerie parisienne et une mariée dans l’exposition elles@centrepompidou. Et, bien sûr, c’est pour elles que nous étions là. Et aussi pour ses peintures au fusil qu’évoque l’affiche de l’exposition. Car ce côté « Calamity Jane » ou, dans le couple qu’elle formait avec Jean Tinguely, « Bonnie and Clyde » qu’évoque un numéro du magazine Beaux Arts, tient une place importante dans son travail. Il y a de la violence dans ces oeuvres foisonnantes, ces assemblages en plâtre ou en béton, ces couleurs vives. Dans la liste qu'elle a faite de ce sur quoi elle tire, il y a « moi, moi, moi ». C’est que sa plus grande violence était certainement tournée vers elle-même et que, s’il n’y avait eu l’art, elle n’y aurait sans doute pas survécu. Certes, aujourd’hui, son discours (que diffusent des vidéos dans l’exposition) peut paraître superficiel, naïf ; cependant les oeuvres qui en naissent gardent force, exubérance, et même joie. Ses Trois Grâces (qui empruntent aussi à la danse de Matisse) nous sont presque familières tant elles expriment simplicité et générosité ; les lumières rayonnent de la mosaïque dont elles sont parées. Les têtes de mort sont partout, vanités du XXe siècle, et on tiendrait debout dans la plus grande qu’on trouve ici. Parce que Niki de Saint-Phalle, qui a réalisé des sculptures représentant des accouchements, semble obsédée par l’idée d’habiter, de visiter l’intérieur : de cette tête, du corps féminin (notamment avec Hon, femme-cathédrale, sculpture éphémère - effet-mère ? -), des figures du tarot. Il y a, je le répète, de la joie à visiter cette exposition, et quelque chose qui nous prend aux tripes, au coeur, « au front, comme cela ! »