Bird People commence dans le RER, avec une magnifique séquence d’ouverture. Pourtant, rien de plus simple : des gens qui rêvassent, écoutent de la musique, téléphonent, lisent, discutent, dorment, dans le RER. Il y a juste un petit détail en plus, un détail qui nous plonge immédiatement dans les voix intérieures de ces gens. Et procure alors un grand sentiment d’identification : cette scène, ne l’ai-je pas vécue moi-même cent fois dans les transports ?
Et c’est ça, Bird People, un film sur les gens. Des gens un peu particuliers, perdus dans un lieu de transit, mais qui finalement nous ressemblent. On plonge dans cette réalité routinière que nous montre Pascale Ferran, jusqu’au moment où les personnages bouleversent leur routine, pour mieux s’envoler.
Bird People est une odyssée, comme la chanson de David Bowie qui vous restera dans la tête après avoir vu le film. Une odyssée qui part de rien : Roissy, un hôtel assez chic aux abords de l’aéroport. Deux inconnus : un cadre américain en transit fatigué de pressions affectives et professionnelles;(Josh Charles), une jeune fille qui nettoie les chambres des voyageurs comme lui (Anaïs Demoustier).
La routine, l’ennui, semble avoir envahi leur deux vies : finalement, entre les voyages en avion et les trajets en RER, quelle différence ? Ils évoluent dans un aéroport, un train de banlieue, un taxi, un hôtel : des lieux de passage, de contact. Des lieux où les frontières n’existent plus vraiment, des lieux où on devrait se sentir invincible, mais où la routine nous rattrape toujours et où les contacts ne s’établissent pas vraiment.
Et puis la rupture, la transformation, l’envol ! Le fantastique fait irruption dans le récit, sans casser le réalisme de la mise en scène. Et c’est alors, et seulement alors, que le contact, les rencontres sont rendus possibles, par le plus improbable des hasards. Jusqu’à réenchanté le monde dans lequel ils évoluent -on évolue.
Et dans ce monde qui est aussi le nôtre, Bird People nous emmène dans un beau voyage, un voyage qu’on n’avait jamais fait avant. Un voyage fantastique, mais toujours criant de réalisme. Une odyssée, donc, pas dans l’espace, mais un aéroport et ses environs sont déjà un monde à découvrir en soi. Le film devient alors une véritable expérience, hors du commun, un trip dont on ne se remet pas vraiment.
La mise en scène de Pascale Ferran reste toujours très simple. En quelques plans, tout est dit avec intelligente et fluidité, malgré la complexité de l’action, du propos, ou des deux à la fois. Les techniques narratives utilisées mettent particulièrement en valeur le côté choral du film, et le jeu des acteurs. Le casting est parfait, Anaïs Demoustier particulièrement, dont la transformation est particulièrement crédible.
Le film partait d’une idée un peu folle… Qui n’arrive pas tout de suite. Mais il ne cesse d’étonner, tout au long du voyage qui nous est proposé, un voyage poétique, sensoriel et émotionnel, qui ne laissera personne indifférent.
Bird People, de Pascale Ferran, avec Anaïs Demoustier, Josh Charles, Roschdy Zem.
Sortie en DVD le 22 octobre 2014.