de Woody Allen
Sorti le 22 octobre 2014.
Après Blue Jasmine, Woody Allen s’offre des vacances sur la Côtes d’Azur des années 20. Jazz « New Orleans » et soleil couchant enveloppent Magic in The Moonlight, qu’il faut prendre et voir comme un film léger .
Comme au théâtre, la première scène annonce l’intrigue : une jeune femme, Sophie (Emma Stone), a des dons de voyance. Mais Howard (Simon McBurney) n’y croit pas et demande l’aide de Stanley (Colin Firth), célèbre illusionniste, de l’accompagner sur la Côte d’Azur afin de rencontrer et de confondre Sophie.
Le film repose donc sur la confrontation entre le magicien, cynique, aigri et terriblement anglais, et de cette femme américaine, légère et directe. Les dialogues font mouche, sont bien rythmés, et on sent Colin Firth jubiler en interprétant Stanley, qui n’est pas sans rappeler le Mark Darcy de Jane Austen, dans Orgueil et préjugés, qu’il avait incarné pour la BBC dans les années 90. L’orgueilleux magicien se laisse prendre par l’optimisme de Sophie et sa spontanéité. La question pour lui est alors de savoir quelle dose d’illusion mettre dans sa vie pour surmonter le quotidien qu’il trouve si gris et fade. Sophie le bouleverse complètement. Les deux personnages se cherchent, se loupent, se chamaillent, dans une innocence qui évoque certaines comédies américaines des années 30 (on pense notamment à L’Incroyable Mr. Bébé ou Vacances, sans pour autant les comparer à Magic in The Moonlight). Woody Allen signe un film vraiment léger et sautillant, dans lequel on retrouve avec plaisir l’humour typique qu’on lui connaît si bien. Le courant passe entre Emma Stone et Colin Firth, radicalement opposés, tant dans leur style que dans leur diction. On regarde donc leur duo avec un petit sourire aux lèvres, bien qu’on sache parfois où le scénario va aller.
La réserve que l’on peut émettre concerne malheureusement l’image. On était pourtant ravi de revoir une fois de plus le directeur de la photographie français Darius Khondji associé à Woody Allen,. On s’interroge par contre cette fois sur les choix de mise au point et sur le flou présent dans beaucoup de plans. L’image est chaude, avec un léger grain, tout à fait raccord avec l’atmosphère chaude du film. On apprécie en général les zones de flou, qui concentrent souvent l’attention sur un point précis de l’image. Mais là, elles sont parfois en plein cœur de l’image. Certains personnages, qui parlent et ont toute notre attention, se retrouvent ainsi privés de netteté. Cela peut poser problème au visionnage !
Magic In The Moonlight ne fait sûrement pas partie des grands films de Woody Allen, mais la comédie est plaisante et il est bien agréable de voir Colin Firth détendu et bon dans un rôle intéressant, le seul probablement depuis Le Discours du roi.
Pauline R.